Angela Merkel (Dogon du Mali + Français)

Trois coups de feu ont été tirés sur la terre d’Ireli au Mali. La forêt d’Ashanti se réveille.

Je suis étendu sous le drap noir de la nuit, les étoiles sont comme des trous dans ma couverture nocturne. Je regarde Jupiter briller au-dessus de moi. Ou peut-être est-ce un arapirεl (avion) ? Dans ma langue, le dogon, nous assemblons les mots ara (ciel) et pirεl (idée de grande vitesse) pour créer le mot avion.

Notre langue est ce que j’ai de plus précieux. De la même manière, nous évoquons les belles lucioles en assemblant les mots yaŋ (feu) et bibεnhi (idée d’étincelle). Je plisse les yeux en regardant le feu étinceler dans la brousse. Que les lucioles sont belles ! Elles sont l’âme de ces étendues de terre.

Je m’appelle Ajuro. Ajuro Inεire. Je suis sujet à des crises d’épilepsie depuis l’enfance. J’ai honte. Je cache mon corps dans les feuillages en regardant le village briller de mille feux pendant la fête des masques. Les femmes ont arrêté de ramasser le mil le sorgho et le fonio. La fête des masques leur est interdite. Leur fécondité serait menacée si elles y prenaient part. On ne doit jamais reconnaître les porteurs de masques – il en existe de toutes sortes : masques de hyène, de singe, d’échassier…

En écoutant les tambours, je réfléchis à l’avenir de notre société. Saila doit être en train de rentrer à la maison. Ma femme est si consciencieuse. Je ne la mérite pas. Je marche à travers les champs de pois de terre d’oseille et de sésame. Le sésame sera exporté au Burkina Faso la semaine prochaine. Avec l’argent, nous financerons les mariages de nos filles. Le mil lui est vendu à travers le Mali. Saila prépare la farine de mil dans un mortier avec de l’eau bouillante. La pâte épaisse, consommée avec des sauces délicieuses est appelée sagujaa. Elle aime aussi cuisiner le mil écrasé à la meule, pétrie dans l’eau bouillante de potasse, ou l’agrémenter de feuilles vertes, de niébé ou de tamarin.

Les champs sont le dernier asile de mes pas avant la brousse. Un homme a laissé son inru warawaru (houe) et son inru (fer) dans les champs. Des pioches à semaine et des couteaux à couper les épis jonchent le sol. Ils ont dû partir à la hâte, emportant leur outre en peau et leur suuru (long sac en tissu) en courant à travers champ. Il ne reste personne. Personne ?

Un jeune garçon pousse une vache près de moi. Nous marchons dans les herbes sauvages. Une sauterelle gravit le chemin qui mène à ma nuque. Je la chasse d’un mouvement de tête. Il me sourit. Il s’adresse à moi dans un dialecte dogon que je parle un peu. Nous traversons l’ɔnsanhin (le cimetière) interdit aux femmes du village. Sa vache renâcle à avancer entre les tombes, il la frappe avec un bout de corde.

Pour les dogons, il est important d’apprendre la langue de ceux que l’on rencontre. C’est pour cette raison que nombre d’entre nous sont des polyglottes et parlent le peul, le bamanan ou le moré. L’adage le dit bien « la langue est un médicament ». Il y a peut-être 13 langues nationales au Mali, le dogon est d’une beauté sans égale

En rentrant chez nous, je rêve encore. La silhouette de Saila m’apparaît comme dans un rêve, floutée. Elle est en train de remplir d’eau un grand vase renflé au milieu, et manque de renverser une calebasse. Je frémis. La cuisine est le lieu où les femmes dogon transmettent à leurs filles les secrets des recettes familiales. Comment faire de la bonne bière de mil, par exemple. Mais les échanges entre mère et filles ne se limitent pas qu’à la cuisine. Les filles apprennent dans la cuisine ce que sera leur future vie de femme mariée…

Je revois Jeeni plus jeune encore, quand elle jouait avec les autres fillettes à la chasse aux lézards ou à piéger de petits oiseaux. Elle a toujours été vive pourtant c’étaient des jeux de garçons. Moi, j’ai acheté à ma fille le liru (sifflet) dogon réservé aux garçons. Ce sifflet qu’utilisent les chevriers en brousse. Plus tard, je lui apprendrai aussi à jouer de la kere (flûte) au rythme à quatre temps (yaboi), le rythme des femmes. Je l’accompagnerai avec mon atunu (grand tambour) alors que la lune grandira comme un génie au-dessus de la brousse. Les leguru (clochettes pour chevilles) de Jeeni tinteront jusqu’au matin et nous transformerons le village en un havre de paix et de musique.

Je n’ai qu’une peur rivée à la poitrine. Ma langue dogon, notre langue bien-aimée, sera bientôt enterrée dans le cimetière des langues. Il faut monter une association. Nous allons ouvrir des écoles où l’on enseignera le dogon. Qui pourrait financer cette école ? Quelqu’un qui a du temps libre, a l’expérience de la vie ..

— Kanye West ? me répond Jeeni.

Le temps de l’empereur-chasseur Soundjata Keita est loin. Où est passée la dignité de la jeunesse… Kanye West…

J’ai bien essayé d’en toucher mot au chef du village, mais il ne m’a pas écouté. Peut-être pour ne pas donner du grain à moudre à ses sbires. Le proverbe dit vrai, ɔgɔ gunɔi (être chef, c’est être esclave).

Je rentre chez moi en tremblant de peur à l’idée de la disparition de notre langue.

— Dei-lai (papa) je t’apporte une rose des sables

— Merci ma fille. Où l’as-tu trouvée ?

Je prends Jeeni sur mes genoux. Elle revient tout juste de l’école tandis que j’ai passé la nuit à errer. Jeeni est une enfant heureuse. Je joue pour elle du tuuluru. Une hyène pousse des cris d’orfraie dans le matin calme. Le soleil est parti se cacher et la pluie est tombée pour la première fois depuis des mois.

J’ai ouvert les fenêtres de notre maison pour me rafraichir le visage, puis je suis sorti dans la cour en réfléchissant au problème de notre langue. Qui peut la sauver ? Jeeni terminait une bouillie de mil, elle s’est levée, puis m’a serré le poignet de sa petite main. J’ai soupiré en regardant les nuages s’amasser au-dessus des toits des maisons de notre village.

L’εgεrε (le puit) se remplit peu à peu d’eau de pluie. Le puit est source de vie. Humains et animaux s’y rencontrent. Pourquoi ma femme veut-elle à tout prix faire exciser la petite ? Ces coutumes sont hors d’âge. Je veux que ma fille décide elle-même si elle repousse les avances des garçons. Saakana ! (Que Dieu nous préserve !)

Les villages des plaines luttent contre les villages des falaises, l’ancien pays dogon. Le nôtre de village a été construit sur le flanc d’une falaise. Dans le toruna, assis en tailleur, je discute avec les aînés. Puis je me lève de rage : ils ne m’écoutent pas.

— Es-tu un porjande (truand), mon fils ? Descend donc de ton piédestal et rejoins-nous à terre.

Ama dεi (nom de Dieu !) Ne voyez-vous pas que notre langue pâlit de jour en jour ?

Ama u da (Que Dieu te tue !) Nous avons mieux à faire. La pluie est peut-être venue aujourd’hui, mais qui sait si elle reviendra ?

— Atanu, tu dois m’écouter. Notre langue meurt. C’est un fait.

— L’ère des cavaliers Peuls est loin. Tu te prends pour un héros ?

— Dieu soit loué je ne suis pas Abirè de Domuno notre prophète.

Les hommes acquiescent. Notre prophète a beaucoup voyagé à travers le pays. Pourtant il était aveugle. Comme lui, je rassemble toutes mes forces. Je me tourne vers un vieil homme du village :

— Amakiré ? Dis leur toi. Les enfants regardent la télévision en anglais et en peul. Ils oublient le dialecte de notre village.

— Faut-il appeler un guérisseur pour soigner notre langage ? demande l’un des nôtres.

— Un guérisseur ne peut rien contre la mort du dogon.

— Blasphème.

— Créons une association de défense de la langue dogon, je propose.

Le lundi suivant, nous avions décidé d’un symbole, la luciole, pour notre association. Amaga, Amakiré et Atanu faisaient partie du bureau de l’association en tant que secrétaire, trésorier et vice-président. J’étais le président de l’association de défense de la langue dogon. Notre nouveau statut, connu par tous au village, nous donnait un certain prestige. Les femmes se retournaient sur mon passage avec les yeux brillants. Je crois qu’Amaga et Atanu faisaient tout cela par amitié pour moi, mais le vieil Amakiré prenait son rôle de trésorier au sérieux. Il est vrai qu’il était un jeune veuf et souhaitait lui aussi attirer les regards. Il réussit à remplir les caisses de l’association la première année.

L’année suivante, je décidai que nous n’allions pas assez loin. En marchant dans les champs, j’eus une idée de génie :

— Il nous faut un sponsor.

— Un sponsor ?

— Quelqu’un qui porte haute la parole de notre association.

— A qui penses-tu ? L’ɔgɔnu est bien occupé avec les dégâts de la tempête du mois dernier.

L’ɔgɔnu est le patriarche des dogons. A sont côté, les binrukéjunw assurent le pouvoir magico-religieux. Ce sont eux qui assistent aux noces, aux enterrements et aux naissances. Ils interviennent également en temps de guerre pour nous assurer la victoire.

— Je pense à un étranger. Quelqu’un qui viendrait nous rejoindre pour accomplir cette noble quête.

— Tu as trop marché sur le sentier des rêves, Ajuro.

Nous étions tous les quatre assis en cercle à même le sol du plus grand toguna (abri) du village. Les toguna sont des abris de forme carrée, ouverts sur les côtés Le toit est recouvert de tiges de mil et l’abri fait moins d’un mètre cinquante, ce qui oblige les hommes à se courber humblement L’abri conserve une fraîcheur agréable.

Ma fille Jeeni était partie caresser les moutons du voisin avec ses petites camarades. Ma femme travaillait, et nous étions tous les quatre manquant aux travaux des champs pour discourir sur la survie de la langue dogon.

— Et alors ? Qui pourrait bien être notre sponsor, demanda Amaga.

— Un américain, proposa Atanu

— Kanye West ? Bafouillai-je en me rappelant de la plaisanterie de Jeeni l’année passée.

— Il n’est pas assez sérieux.

— Mais il est riche.

— Pourquoi un homme ? Pourquoi pas une femme, demanda Amakiré.

— Une langue est une création magique, et la magie est une puissance féminine, rétorquai-je. Ce sera une femme. Nous allons chercher un sponsor qui soit une femme.

— Dieu soit loué ! Crièrent mes trois amis.

Nous cherchâmes le sponsor idéal durant plusieurs semaines. Eva Longoria, Britney Spears furent un instant considérées par mes amis qui penchèrent ensuite pour Angelina Jolie. Peu à peu, cette quête nous omnubila et nous en oubliâmes notre travail journalier. Atanu se fit réprimander par sa femme, et nous ne le vîmes pas plusieurs jours de suite. Il avait dû se faire battre comme plâtre !

Désespéré à l’idée que nous ne puissions pas parvenir à sauver notre trésor, la langue dogon, je marchais de plus en plus souvent seul, la nuit. Un beau jour, alors que la clarté de la lune rejaillissait sur mes cheveux humides de sueur (il faisait très chaud cette nuit-là), je trouvai les restes d’un feu de forêt.

Les marcheurs avaient laissé les brindilles, un peu de charbon et du papier journal. Je m’assied pour essayer de le raviver, en vain. Le cœur lourd, mes larmes commencèrent à couler. Je pris un morceau de papier journal pour les sécher. Quelle ne fut pas mon aberration à la vue d’une femme sur le journal. Son nom ? Angela Merkel. Sa situation personnelle ? Mariée, sans enfants. Chancelière d’Allemagne. L’expression sonnait encore mieux que président des Etats-Unis d’Amérique.

Je savais pour l’avoir déjà lu dans les journaux maliens que la chancelière Merkel était une femme extrêmement puissante. Je résolus d’en parler à mes amis Atanu, Amakiré et Amaga dès le lendemain, et m’endormis près du feu éteint.

— Nous devons choisir un américain.

La réponse d’Amaga était sans appel

— Je trouve l’idée d’Ajuro plutôt bonne, glissa Amakiré en reniflant.

Amaga leva un point rageur et se leva. Nous étions chez lui ce jour-là.

— Je quitte l’association, dit-il. C’est n’importe quoi. Angela Merkel ne nous aidera pas. Il faut un Américain.

J’essayais de le convaincre de rester dans l’association, en vain. Je quittai sa maison seul, avec la ferme intention de prouver à mes amis qu’ils devaient me faire confiance. Mon idée était excellente.

Je serre les dents. La nuit s’apprête à recouvrir le village de ses cils noirs. Mais elle ouvre soudain les yeux pour laisser entrevoir un défilé de nuage. Pleuvra-t-il encore demain ? Si c’est le cas, le chef du village sera plus enclin à accepter la validité de mes arguments.

— Nous devons contacter Angela Merkel.

— Nos téléphones ne fonctionneront pas.

— Il faut lui envoyer un e-mail.

— Comment faire, sinon à la ville ?

Karuja ! (chien !) tu veux nous déshonorer en allant à Bandiagara parmi les peuls Toucouleurs ? Aŋu yim diε sala (La honte est pire que la mort)

— La tradition veut que les dogons soient les enfants de trois « chefs guerriers ». J’irai conquérir le cœur d’Angela Merkel tel un guerrier dogon. J’irai à Bandiagara (« la grande calebasse ») demain.

Le lendemain, je me mets en route. Le chemin est long, je monte à l’arrière du camion de Yala, un ami d’enfance. Il allume la radio. Une chanson hindi passe nous chantons à tue-tête.

Dege-dege (doucement), j’intime à Yala, qui fonce sur la route déserte. Le camion manque de se renverser à trois reprises. Avec force, il rétablit à chaque fois l’équilibre. Nous avançons sur la piste plusieurs heures. Bandiagara se laisse désirer. Soudain, un groupe de jeunes soldats islamistes nous barre le passage

Emε gamala ! (Laisse-nous passer !) Hurle Yala, mais les soldats jouent aux cartes, et ne prennent pas la peine de répondre. Ils s’écartent en déplaçant leur petite table en plastique et nous laissent filer droit sur Bandiagara.

Nous passons devant l’imposant palais Toucouleurs. Yala voudrait le visiter, mais je n’ai pas le temps, je dois trouver un cybercafé pour envoyer un e-mail à la chancelière d’Allemagne. Nous nous arrêtons dans un marché pour acheter de l’eau et je perds Yala de vue. J’essaie de retrouver son camion, mais il a tout bonnement disparu.

Il me semble que je marche des heures comme cela, sans but, sans plus d’espoir de le retrouver jamais. Mais aucun cybercafé n’apparait dans mon champ de vision. Bandiagara est la ville des Toucouleurs, qui parlent une langue peule que j’ai apprise pendant mon enfance pour accompagner mes parents dans la grande ville. Nous les dogons, sommes d’ardents polyglottes. Angela Merkel devrait apprécier notre amour des langues. Oui, je crois que je lui écrirai en allemand, peu importe si j’utilise un logiciel de traduction.

Je marche le long de la rivière Yamé qui divise Bandiagara et se jette dans le Niger voisin. Près d’un institut de recherche sur le paludisme, j’avise un pont sur la rivière et m’y arrête pour contempler la ville qui s’étale devant moi. Je décide de rentrer seul au village, la nuit ne va pas tarder. Qu’importe si je n’ai pas trouvé de cybercafé, l’important est que les autres au village me croient, qu’ils m’accordent leur confiance. Il faut qu’ils croient qu’Angela Merkel, la puissante chancelière d’Allemagne, me soutient, autrement ils laisseront glisser notre langue entre leurs doigts comme de la roche friable. Je descends sur les berges de la Yamé. Que pourrais-je ramener à Jeeni ? Je tends la main vers le sol et en ramasse un caillou blanc. Je lui dirai que c’est une perle que j’ai acheté au marché.

Kɔ miye ! (C’est moi !)

— Alors, tu as rencontré Angela Merkel ?

— Comme on dit chez nous, « si tu rencontres la chance, coupe-lui la queue ». J’ai vu la chancelière. Elle vous salue tous.

— Impossible, clame Amaga.

— Regardez.

Je leur tend un journal en allemand acheté dans un kiosque à Bandiagara.

— C’est sa réponse. Je l’ai traduite. Elle accepte d’être notre soutien.

Malaika abarka (Ange, merci) me lance une vieille femme dans un recoin de mur.

Jinruun abarka (Esprits, merci) les autres villageois me remercient avec déférence. Sans doute font-ils semblant de me croire parce qu’eux aussi ont envie qu’Angela Merkel soutiennent la langue dogon.

— Il faut changer ton prénom et t’appeler « apilem » (celui qui est de retour), me glisse Amakiré en me voyant revenir le visage maculé de poussière, mais souriant au soleil vif qui plane au-dessus de nous comme un signe de victoire.

Cette aventure a eu raison de mes forces. Je passe quatre jours étendu comme un âne mort. Saila va chercher des racines en pleine nuit de gorogara pour me soigner – elle est persuadée que c’est psychosomatique. Le jaaw (vent) est le meilleur guérisseur qui soit, il entre par la fenêtre ouverte et me ramène peu à peu à la vie. D’ailleurs les génies de la brousse à l’origine des maladies sont également appelés « jaaw » en dogon. Les jaaw sont des maladies que l’on contracte en rencontrant un génie dans les vents chauds qui se transforment en tourbillons.

Je suis parti me balader près de la mare mythique du village. Aga (le matin) s’attarde.

Iye ba ana sεu kɔ ? Me demande le soleil.

Je ne sais que répondre à sa question. Je hausse les épaules et continue mon chemin jusqu’à ma prochaine aventure. Jeeni court à ma rencontre dans le champ de mil.

— Pourquoi es-tu parti si longtemps papa ? Tu as été malade ?

Je lui mets le caillou blanc que j’ai ramassé sur les berges de la Yamé à Bandiagara dans les mains. Ses yeux s’illuminent.

— Oui ma fille. J’ai été fou, j’ai été malade de croire que nous pouvions changer. Mais j’ai guéri. Comme on dit dans notre langue, « la langue dogon est un médicament ».

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