J’avais oublié qu’on écrit pas pour Dieu
Mais pour faire sourire ne serait-ce qu’un peu
Un ami perdu sur le chemin des horloges insensibles
Un ami qui sait vous sauver la vie, en ayant l’air
Simplement de jouer un coup rapide au billard,
J’étais loin. J’avais couché le revers de ma manche
Sur du papier calciné par le feu de mon sang
Tu m’as parlé d’un monde que l’on se choisit
Un monde fait de blessures désinfectées à l’eau de vie
Tu m’as tendu tes propres doutes reliés sur du papier bleu ciel
J’ai pris ton livre entre mes mains et le destin a glissé de ces pages irréelles
Comme un enfant dévale une pente en luge et rit dans la poudreuse
Je me suis laissée happer par la beauté de la mort
Je n’ai plus rien osé lire d’autre que le destin transi
Et du Bengale à l’Antarctique, je ne sais pas dans quel pays je serai demain
Si je serai assez en vie pour écrire pour enfin
Te faire rire assez je ne sais pas si
Le soleil brûlant me laissera m’échapper, mais dans un coin de mon cœur
Si je me retrouve perdue dans une prison étoilée, dans un ciel inhumain
Au milieu de gens qui ne me ressemblent pas
Qui ont le goût de la mort et un sourire tendre et froid
Je laisserai mon chien et mon dernier souffle t’accompagner
Nous laisserons derrière nous nos rêves les plus cadenassés
Et le drapeau de l’amitié flottant sur les espaces envoûtés de glace
Nous ferons briller un feu bleu sur les étendues vastes
Nous parlerons des heures de tous ces liens d’amitié
Qui ont su décaler d’une seconde l’heure de rejoindre les ombres
Et nous prierons pour que demain nous ressemble.