Le champ d’Hélianthes

Une goutte de myrte mon sang dans la nuit
J’ai tracé une croix blanche sur ma poitrine
Mon cadavre reposait comme une brume
Dans un champ d’Hélianthes

L’encre des fleurs bleuissait ma chair fantôme,
Tu m’as emmenée prendre feu dans les montagnes
Nous avons survolé l’enfer, et le gué du temps
Et les étoiles qui peuplent les ciels inversés

Ta voix d’évangile a coulé dans ma nuque
Ta main a éteint les fumées de cristal
Et la nuée humide de mes regrets,
Nos spectres s’attardaient près d’un port – il faisait nuit

Le moteur du bateau volé, je l’ai coupé,
Je me suis approchée de ta nuque grise
Tu bégayais en observant le phare
Et tu t’es adressé à moi ; quand le soleil s’est tu

Où est passé le métal de la voix des Dieux ?
L’as-tu fait fondre pour payer l’amarrage ?
J’ai pris ta main je l’ai posée sur l’eau
Les vagues nous ont surpris, le temps s’est arrêté

Je vais voler chaque lueur de cette ville morte
Pour tracer à ton destin un chemin lumineux
Et redessiner les contours de la nuit
Mais voilà que quelqu’un vient – plus un bruit !

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