Ecoute,
Ecoute-moi,
Faisons cesser cette guerre.
Cesser les combats, la haine. Allons plutôt sourire à la distance qui demeure
là telle une montagne rocheuse entre toi et moi,
Dans l’eau,
Qui te submerge comme une vague de joie ;
Vois ce que nous sommes :
Cette eau
du Gange, et de l’Amazone, qui s’élève jusqu’à surplomber
les forêts sur le rivages en broderies de bananeraies
l’aloe vera qui s’enracine sur le bois et atteint ton torse,
ta présence en battements de cœur tout autour de moi,
cet instant crépusculaire à la lune embrumée
tout cela fait partie de nous et nous mène l’un à l’autre pas après pas.
Et en tout cela, toi, et moi :
Le blanc bleuté du ciel d’automne,
Les ombres luxuriantes des fleurs sauvages, des arbustes,
La crique, et ses bras d’eau qui atteignent chaque lieu tout autour de nous,
tandis que nous patientons en paix, alors que tu essaie de soumettre la marée que je suis devenue,
les étés de mousson, les printemps surgirons,
je les caresserai de ma tendre folie
au milieu de mes pleurs, désirant plus de toi,
alors que tu t’enfonces en moi, qu’une fontaine de baisers me recouvre.
Mais cela peut ne pas être réél.
Dans ce combat peu à peu nous nous réduisons l’un l’autre à néant,
Au lieu du nectar, nous nous gorgeons d’une eau au goût de sang
Nous attendons en vain que quelqu’un vienne nous extirper de ce cauchemar, en donnant naissance à,
Tu vois,
Toi, le canon fondu dans l’action,
Et moi cette femme avec un utérus volé, un fœtus,
Baigné dans la semence et le sang,
Les jambes écartées, les yeux révulsés,
La poitrine lacérée,
Sur cette terre désertée par tous !
Tandis que les bombes atomiques ont remplacé les cœurs,
Qu’un millier de baiser ont laissé des traces au milieu d’une pluie de balles,
Les missiles nous ont remplacés, les microbes asphyxient les nuages brillants,
Comment savoir si nous avons été en vie jadis ?
Si nous nous sommes jadis offert des pluies de fleurs l’un à l’autre ?
Laissons les graines se transformer en arbres,
Extrayons de la terre nourricière un peu de bonheur.
Comment le sauras-tu,
de poussière à poussière
du sang au sang,
d’une particule à une autre particule,
que ce vent qui se brise sur les roches de la montagne,
c’est moi
partie à ta recherche ?
Jahanara Nuri 05 March 20
Translation / Traduction : Nina Cabanau
5 March 2022
Listen
Listen once,
Not war.
Stop fighting, hate. Rather let’s smile at this distance, which remains
Your rocky range and mine
In the water,
Which is crashing on you like a wave of joy.
See what we are:
This water
of the Ganges, and the Amazon, rising through me,
the forests on the shore embroidered by the banana plants,
the aloe vera that grows on the wood to your heart,
the engrossing you all over me,
the twilight moment of misty moonlit,
all are us inch by inch pulled towards each other.
Within everything, you, and me:
The blue and white of the autumn sky
The deep green shade of wildflowers, bushes,
The creek, extended arms of everything around
waiting in peace, as you ride my tide,
bring monsoon and spring,
caress with tender madness
of stroke,
crying for more of you,
as you dig deep, the fountain of kisses covers me.
But this may not be the case.
Little by little in battle we tear each other to pieces,
Instead of nectar, drink water that has turned blood,
When we keep looking for someone to save us from this nightmare, we gave birth to,
see:
You, the iron-mold canon,
the woman with raptured womb came out a foetus,
bathed in semen and blood,
legs spread, eyes gauged out,
breast sliced,
in the no man’s land!
When there are the atomic bombs, instead of the heart,
where a thousand kisses are traced through bullet rain,
missiles replace us, germs rot our clouds of dust,
How do we know once we were alive?
Rained flowers on each other?
Let the seeds grow into trees,
and dug happiness from mother earth?
How will you know,
from dust to dust,
from blood to blood,
from particles to particles,
that crazy wind breaking itself on the rocks of the Mountain,
is me,
in search of you?
Jahanara Nuri 05 March 20