Les âmes noires portent des chemises blanches
Des fantômes survolent les sièges du parlement
La chair translucide de leur mains a renversé un encrier
Et le liquide noir a assombri l’écume de la mer d’Azov
Un mot n’est pas un moineau – une fois prononcé il ne revient pas de son vol
Un éclair rose a traversé le ciel à Nova Yalta
En nageant dans la mer la moins profonde du monde
Je rejouerai les cils foncés (valse ukrainienne) dans le feu des vagues
Les ivrognes ne connaissent pas le danger
Laisse-moi distiller l’eau de l’Ukraine dans ton regard
Respirer le velours du ciel une dernière fois
Le tambour du soleil me berce dans la mort,
Tel dans le berceau, tel dans le tombeau
La neige fond au printemps près de l’océan
A Zhdanov j’emmènerai une petite fille russe
Faire s’envoler un ballon jusque dans les mains de la statue de Taras Shevchenko (poète, écrivain ukrainien)
Il ne faut qu’une petite étincelle pour allumer un grand feu
Et dans le syta (hydromel ukrainien) du ciel d’été
Je laverai mon corps avec l’océan froid
En rendant un dernier soupir sur la rue du premier mai (rue principale de Mariupol)
L’amour trouve un moyen, l’indifférence une excuse
Donne-moi un peau de poussière, pour la jeter au visage du monde
Je suis aveuglée par l’avenir, le présent gronde comme l’orage
Ton nom sifflé dans le noir, et les chars qui attendent
Le cœur n’aime pas, s’il ne voit point de beauté
Le front de mer de la mer d’Azor est désert
Les guirlandes de fleurs rouges ne s’envolent plus vers mon cœur
Et j’ai le vertige à l’annonce de l’hiver