Je suis une trace de sang sur la colline
J’ai ramassé un poignard dans les herbes hautes
J’ai donné un coup dans l’avenir couvert par les nuages
La pluie s’est mise à mouiller ma chemise,
La ville verte sous le soleil (surnom de Nairobi) brûle
Kejaa ol-orere teina a-lo inyi ? (Comment vont les gens chez vous ?)
Ma-asai (je ne vous demande rien)
J’ai donné un coup de poignard dans le passé
De la poussière macule mes cils trempés par l’eau noire du lac Turkana
En-kwenyi (un oiseau) a essayé de me crever les yeux. J’ai laissé tomber la dague
Les bidonvilles de Dagoretti font danser des ombres chinoises sur la terre aride
Un coup de tambour dans l’obscurité,
Les perles sont tombées de mon cou
J’ai voulu que tu deviennes ma loi aa-nyor (je t’aime)
Et les églises réformées pulsent comme un orage sous la main du Diable
Mataret (au secours) une impala a bondi et piétiné mes rêves,
Les tentacules de la ville m’ont repêchée dans la rivière
J’ai couru entre les tôles, mon épaule a heurté une maison effondrée
La tête de mon cadavre a été orientée vers le Nord,
Je me suis endormie comme la glace sous le feu
Mon fantôme a donné un coup de poignard dans le soleil,
Un javelot a dépassé mon geste, je le vois s’enfoncer dans les nuages,
Les pétales d’une fleur blanche ont recouvert chaque tombeau d’Afrique
J’en ai ramassé un, il s’est changé en dollar puis en vin frelaté
Une girafe dans la brume, devant un horizon de gratte-ciels
A-lotu taaisere (je viens demain) avec mon sac rempli de l’air de l’existence
On m’a dit que tu vis ici. J’ai apporté un peu d’eau et d’herbe séchée
Ma tête tourne, les tambours résonnent dans l’atmosphère
Je vais donner un coup de poignard dans la nuit,
Mataret (au secours) un oryx ensauvagé par le vacarme de la ville me charge.
Je suis une trace de sang sur la colline
J’ai donné un coup dans l’avenir couvert par les nuages
La ville verte sous le soleil (surnom de Nairobi) brûle