Dove ghe se ràbia, che mi porte el amor
(Là où est la haine, que je mette l’amour)
A Santa Catarina, au Sud, loin des doges de Venise,
Les oiseaux ont des ailes qui dansent dans les nuages
Et les âges s’effritent au contact de l’eau de roche
Fumana bassa, la piova la passa
(faible brouillard, le fractionnement du soleil)
Rio Grande del Sul, une petite station de radio
Emet quelques secondes par jour pour un seul homme,
La même chanson retentit au-delà des orages
Dove ghe se sisània, che mi porte la union
(Là où est l’offense, que je mette le pardon)
Lotto tuti i di (je lutte tous les jours)
Pa tegner viva la nostra lengua (pour garder notre langue en vie)
Et cet éclair dans la brume,
Par fin un maràcolo (cela ressemble à un miracle)
A meritar el so registro (qui mérite d’être raconté)
Un inédito spetàcolo (un spectacle sans précédent)
Dove ghez e sbàlio, che mi porte la verità
(Là où est l’erreur, que je mette la vérité)
Au milieu des arbres géants étendue dans la brume,
Me toca dir na cara verità (je parle d’une vérité simple)
Le cœur a plus de de flux et reflux que l’eau du fleuve
Et le soleil chante un cantique hanté par le soir
Dove ghez e desperassion, che mi porte la speransa (Là où est le désespoir, que je mette l’espérance)
Dans la forêt vierge, en perdre le son et la voix
Devenir muette alors que tombe la pluie froide,
Que la glace se change en soleil et le bois en feu !
Au bord du fleuve Itajai Açu j’ai fait chavirer ma barque noire
Dove ghez ze dùbio, che mi porte la credensa
(Là où est le doute, que je mette la foi).
Percée d’une flèche, j’ai vu une mare de sang
Disparaître comme un songe sous l’éclat brillant de la nuit
A Rio Cedro près de la rivière Erta
Une guerre entre deux oiseaux a eu lieu sans bruits
Contar busie l’è dir el contràrio de quel che se pensa
(mentir est dire le contraire de ce que vous pensez)
Mais ma sincérité s’est perdue dans le silence
Et mes vêtements ont plongé au fond de la rivière sous les yeux d’un jaguar
Les écrivains sont-ils des assassins ou des héros ?
Je ne saurais le dire – je suis partie pour une longue marche
En oubliant la musique du vent
Dove ghe se le ténebre, che mi porte la luce
(Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière)
Et dans la capoera (jungle qui renaît après des années)
J’irai arracher le cœur de fleurs plus rouges que le ciel
Je dévierai la route de mille sentiers qui baignaient dans l’obscurité
Mais la jungle est ce soir
Zaldo come na candela
(jaune comme une bougie)
A la lumière de ma mémoire,
Je vais chercher, malaxant un nuage
Et l’oubli de la ville et le pardon des fleuves