Tikhtov (tu écriras) sur cette èvèn (pierre) malmenée par la lumière
Tous tes souvenirs, et ta mémoire s’enfuira sur le dos d’un nuage
Tu prieras le shamayim (ciel) de te verser un peu de liqueur de patience
Votre prédah (séparation) sera comme une entaille dans la chair de l’amour.
Un jaqouzi (jaccuzi) brille sous l’auvent — les étoiles sont des leurres
Lifnèy ‘ivèr al titèn mikhshol (Devant un aveugle, ne mets pas d’obstacle)
La terre tu la fouetteras sous tes pas comme une jument vannée par la fatigue
Et la pureté de la campagne s’abattra comme une claque sur ton manteau noir.
L’ombre des paysans récoltera un peu de la lumière du soleil, et obscurcira l’herbe,
Miyamin lismol oumismol lèyamin (de droite à gauche et de gauche à droite)
Lèat, lèat (lentement, lentement) tu te redresseras comme une idée émanée d’un tombeau
Le mitz limon (jus de citron) du ciel se transformera en un crépuscule vert-rosé
Tu marcheras longtemps, jusqu’à ce que la neige traverse tes paupières,
Tu verras sa silhouette allongée dans la pâleur du ciel dense
Et tu lui diras, un verre de pluie à la main :
Ani ohèv otakh (Je t’aime).
Elle te répondra et son souffle enchantera l’air glacé devant la pupille de tes yeux :
Ani lo mèhoubèrèt lèshoum maqom (je ne suis rattachée à aucun lieu)
Tasah mikan lèsham oumisham lèkhan (je vole d’ici à là)
Vèsham yèsh lif’amim sharhorèt (et là, on a quelque fois le vertige).
Ani rotzah liheyot mèqouba’at bèmaqom èhad (je voudrais être fixée à un seul endroit)
Comme une parole s’accroche aux lèvres trempées de sueur d’un amant
Tikhtov (tu écriras) sur cette èvèn (pierre) malmenée par la lumière
Tous tes souvenirs, et ta mémoire s’enfuira sur le dos d’un nuage