Sur les rives de ce fleuve,
Je me suis pris à rêver
De détruire tout ce qui faisait mon identité
De fuir la guerre pour me réfugier dans la liberté
Dans l’espoir de faire jaillir le bonheur dans la paume de mes mains,
La mort flamboie — les bombes explosent — le rouge tapisse l’intérieur de mon cœur
Combien de poteries ai-je brisées, combien de foyers ai-je détruits, combien de rêves ai-je piétinés ?
Et pourtant — comme le travail quotidien du tisserand est de tisser un rêve,
Je me réfugie dans l’asile de ton souvenir en nettoyant mon fusil
Les contours de mon rêve s’esquissent, de manière diffuse, progressive, totalitaire
Mais même ton visage s’estompe jour après jour de mon cœur enragé,
J’ai fait des centaines de rêves, tous avaient le parfum de la paix,
J’ai voulu m’enchaîner à la muraille du bonheur
Voici le rêve d’un assassin. Il flotte au-delà des frontières
Je vous en prie — prenez soin de mon rêve, pour que je le retrouve un jour,
Quand le silence aura envahi la campagne,
Pour qu’il puisse faire exister le bonheur sur cette terre.