Le tsunami (Dhivahi des Maldives + Français)

Si la mer monte, nous disparaîtrons.
Les bâtiments de Malé tassent le sol.
Et les Maldives ne sont qu’à 2mètres au-dessus du niveau de la mer
Je suis venu de Chittagong travailler à la pêche en hauts fonds.
Avec un doni (bateau de pêche à un mât à voile en bois de cocotier)
J’ai levé les yeux.
Un incendie ravageait Malé sur l’atoll de Kaafu.
Je suis le niyami (navigateur) exilé sur les flots du danger
Je tiens mon hungânu-dûni (barre de gouvernail) dans un avenir incertain
Sur l’ile avoisinante Hulhulé, une base pour hydravions.
Un porte conteneur s’amarre dans le port.
Du coprah (albumen séché de noix de coco) et des coquillages de cowry
Jonchent la route centrale (Majeedhee Maru)
Le groupe électrogène brille dans les fumées nocturnes.
Le minaret est visible de loin, il guide les bateaux.
Kâku annanî (qu’est-ce qui arrive)
Un tsunami fonce sur nous.
Kaiveni ballavaifin’ tô ? (Etes-vous marié ?)
Je vous attend sur le port des fantômes
Fâlan kobâ (où est la jetée ?)
Le baetau pour Malé part bientôt
Mi rê kamek’ kuran-ta (Faites-vous quelque chose ce soir ?)
Avant que le tsunami nous emporte, je vous emmène
Dans un des mille îlots illuminés
Loin des fumigènes des vagues déferlantes et de la pollution
Annânan-ta ? (Allez-vous venir ?)
Ici c’est profond.
Vous êtes complétement mouillé.
Il pleut du pétrole, l’usine a été envahie par des brigands
Ils ont mis le feu aux barils
Si je sais nager ? Allons rejoindre la rive au loin
Eloignons-nous des crimes humains
Si le tsunami ne nous emporte pas
Je vous emmènerai chez l’astrologue
Fixer la date de notre mariage
Le kô-mas (dapuhin) s’en réjouit
L’avihi (la libellule) vole entre les draps frais
Mais le vent se lève sur Mahé ce soir
Les ibis prennent leur envol de lâlu (grenat)
Dans un ciel d’agîdu (agathe) la tempête couve
Les mûriers sont arrachés, leurs racines tournoient dans les airs
Prends cet alimas (diamant), serre le dans ton poing
Le tsunami fonce sur nous
Et nous serre dans son poing liquide
Comme dans une main de génie
C’est le kaiveni (mariage) entre la nature et la désolation
Sur ton corps recouvert d’un kafun (linceul)
J’essaierai toute la sihuru (magie noire)
Pour te faire revenir un duvas (jour) auprès de moi
Mais le tsunami est un Dieu impassible
Il garde dans son sein les plus belles âmes
Le temps a passé, nos maisons sont détruites
Ton linceul a été mis en terre, j’ai pleuré longtemps
Puis j’ai arpenté l’île capitale de Malé en souriant
Le soleil était revenu brûler mon dos voûté
Un arc-en-ciel de métal enserrait ma conscience
Mes souvenirs sont tombés en cendre
Sur la terre humide des Maldives.
Tu sais mon enfant —
Si la mer monte, nous disparaîtrons.
Les bâtiments de Malé tassent le sol.
Et les Maldives ne sont qu’à 2mètres au-dessus du niveau de la mer
Je suis venu de Chittagong travailler à la pêche en hauts fonds.
Avec un doni (bateau de pêche à un mât à voile en bois de cocotier)
J’ai levé les yeux.
Un incendie ravageait Malé sur l’atoll de Kaafu.
Je suis le niyami (navigateur) exilé sur les flots du danger
Je tiens mon hungânu-dûni (barre de gouvernail) dans un avenir incertain

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s