Aftâb (le soleil) brûle les toits de ses rayons thermogènes
Cette chahr (ville) est un châhkâr (chef d’œuvre), les maisons d’ici
Semblent attendre la nuit les murs joints en prière
Le châhbâz (faucon royal) vole au-dessus du minaret
Je lui ai chanté mon châhbéyt (meilleur distique)
Il a interrompu son vol un instant pour me regarder
Puis il a disparu derrière les nuages glacials
La grand’route est déserte, je marche sans attendre le soleil
Le goudron dérakhchân (brillant) commence à fondre
Je suis le voyageur oublié par le temps
Une goutte de la sève de l’Histoire, un rien de chair
Le cœur à vif ma route sera longue jusqu’au paradis
Ce djahân (monde) est mon unique espérance
Et je marche sans penser autrement qu’avec mes sens
J’ai fait une échtébâh (erreur) en m’endormant près de l’arbre
La nuit a envahi les toits des ‘émârat (édifices)
Dans cette ville farâkh (vaste) j’ai lâché la main du jour
Je sais qu’il me retrouvera, comme il le fait toujours
Pour l’heure la nuit firouzé’i (turquoise) allume ses yeux étoilés
A la mèche des nuages qui annoncent l’orage
Le ciel est une gowdjé (prune) mûre, il s’assombrit alors que je plisse les cils
Moi qui suis un hâdji (pèlerin) sans aucune destination
Je marcherai longtemps avant de rencontrer la route
D’un autre hamrâh (compagnon de route), que j’attends
Je marcherai longtemps, sur cette route
Sans rencontrer d’autre voyageur, d’autre hamvatan (compatriote)
Que le kâghaz (papier) du ciel sur lequel mes yeux imaginent l’avenir