Martchû kudjâm rotch int ? (Quel jour sommes-nous ?)
Âros mâ e kudjâm rotch-â int ? (Quel jour du mois est le mariage ?)
Mon cœur est près de s’arrêter de battre
Les nuages défilent vite dans le ciel de glace
Zânân ke aur bît (Peut-être va-t-il pleuvoir ?)
Manî tab djwân na-int (je ne me sens pas bien)
Et cette nuit qui n’en finit pas
A Shalkot le brouillard encercle les maisons de brique
Une mâlâchi (sauterelle) m’a volé mes esprits
Je marche intranquille dans les champs de coton et de betterave à sucre
A la recherche d’un ruisseau pour me laver le visage
La viole sorud accompagne chacun de mes pas
Dans la nuit noire aux fils d’argent
J’ai marché longtemps à la recherche du jour
J’étais seul, ta silhouette fantômatique à mes côtés,
J’ai rencontré un vieillard, il m’a dit ces mots :
Washâtkae (bienvenue) dans l’enfer des oiseaux
Allah-â sipârog-ae (que Dieu te protège) qu’il veille sur tes rêves
Une dandesk (abeille) est venu piquer la neige
Son dard a laissé des traces dans la poudreuse
J’ai prié à genoux devant un lac de glace
Le ciel a commencé à devenir zardâlu (abricot)
Si je dois nâzenag (aimer) le jour autant que la nuit,
Il me faut un peu de sharâb (alcool) pour rester en vie,
Un dratchk (arbre) ombre la terre de ses balancements,
Une moko (araignée) a couru dans mon cou, je suis resté figé
Sur la terre du Baloutchistan,
J’ai pensé à toi, dans ta cité chândî (d’argent)
Ma resh (blessure) s’est rouverte, la lumière s’y est infiltré
Le jour avait donné des coups de couteau à la nuit
Et j’ai attendu le visage dans la terre humide
Que ta silhouette disparaisse des limbes de mon âmes
Martchû kudjâm rotch int ? (Quel jour sommes-nous ?)
Âros mâ e kudjâm rotch-â int (Quel jour du mois est le mariage ?)
Cet âzmân (ce ciel) traître réfléchit chacune de mes larmes,
Et derrière la colline, j’aperçois une ville étrangère,
Je vais aller conquérir l’avenir dans une autre contrée
En oubliant la femme qui m’a abandonné à mon sort
L’amour est un voyage khatarnâk (dangereux), une mélancolie des roses
J’ai perdu beaucoup de temps sur la route des soupirs
Je suis jand (fatigué), je cherche un ruisseau pour me laver le visage
Mais la terre craquèle sous mes pas et ce pays me rejette,
Une seule istâr (étoile) brillait dans mon âme ce matin elle s’est éteinte
Et Quette disparaît dans les fumées de mon amertume
Y-a-t-il une frontière à ma douleur
Une corde pour attacher le bateau de mes rêves
Au ponton de l’avenir ? Je vais marcher sans m’arrêter dans le désert rose
Jusqu’à ce que l’orage me frappe comme un sceau
Je vais marcher, j’ai froid, je suis fiévreux,
Mais âzât (libre), délivré de ton sourire
Je vais marcher jusqu’à la prochaine ville
Pour oublier le jour de ton mariage