La mer d’Okhotsk au nord, la lumière du soleil éclabousse Hokkaido,
J’ai gravi les monts Hidaka en récitant un psaume
Ou peut-être était-ce ton nom que je murmurais aux fleurs retan (blanches) ?
J’ai arraché des racines sur le mont Sahoro je me suis assis sur le col de Karikachi
La grive de Sibérie transperçait les fumées
Un mendiant avait pris l’apparence d’un cerf de Yezo
Il m’a emmené dans sa tombe je l’ai suivi en pensant à toi
Un rossignol bleu nous couvrait de son chant mélodieux
La divinité de la montagne est un kamuy (ours)
Le yuk (cerf) m’a montré ses traces brillantes dans la neige
Je me suis agenouillé, il y avait des gouttes de sang qui perlaient sur les flocons
J’ai regardé le ciel et le cerf est reparti
La mère-araignée est une tisserande d’amour
J’ai invoqué ton nom en lui offrant mes habits hure (rouge) de moine,
Je pourrais passer une vie à contempler ton souvenir,
Mais il faut que je traverse le pays à la recherche du peuple Aïnou
Peut-être que tu n’existes pas
Que tu n’es qu’une étoile au firmament de mes rêves
Le poids des années déjà, me courbe le dos,
Je souris aux enfants qui vagabondent sur les sentiers alpins
Devant un autel shinto, un lac glacé a pris feu
J’ai vu le visage d’un henke (vieil homme) se refléter dans les flammes bleues
Les maisons de pilotis tremblaient dans le brouillard
J’ai vu l’ombre du yuk (cerf) se glisser dans l’une d’elle
Emmenez-moi loin de ce rêve d’amour qui m’obsède
Dans ces montagnes peuplées de créatures hivernales
Mon bateau est fait de uyna (cendres) et ma proue fend les glaces d’Hokkaido
Laissez-moi atteindre Shiretoko (de « sir-etok », l’extrêmité de la terre)
La forêt est un karepinki (métier à tisser) la lumière
Les feuilles des pins ombragent mes cils humides,
Je veux choisir ma mort dans le pays Aïnou,
Bruler ma cape de zibeline et mes chausses
J’écris d’une main leste avec une plume de faucon
La langue Aïnoue se respire dans les lumières du kotan (village aïnou)
Chaque cise (maison) possède trois fenêtres
La maîtresse de maison garde un petit inuma (trésor), un coffre à bijoux
Je me suis assis sur une natte en roseaux, j’ai salué la dame de ces lieux,
Le yuk (cerf) est apparu dans l’entrebâillement de la porte
J’ai fumé mon tampako (tabac) longtemps, avant que la nuit ne tombe
Et dégusté la chair d’une gélinotte des bois en silence
L’âme sœur du graveur est son makiri (couteau)
Qu’il agite pour faire surgir le visage atomte (magnifique) de Dieu sur la pierre
J’ai traversé le village, j’entendais une menoko (petite fille)
Conter un yukar (saga aïnoue) en riant
Je crois que cela parlait d’un pèlerin qui comme moi
A quitté apunno (en paix) la ville et ses mirages incandescent
Pour oublier le visage d’un être aimé
La mer d’Okhotsk au nord, la lumière du soleil éclabousse Hokkaido,
J’ai gravi les monts Hidaka en récitant un psaume
Ou peut-être était-ce ton nom que je murmurais aux fleurs blanches ?
J’ai arraché des racines sur le mont Sahoro, j’étais perdu ;
La grive de Sibérie transperçait les fumées