Man dar sifarât – é Kabul kar mi kard (Je travaillais à l’ambassade de Kaboul)
Quand les premières détonations ont plongé le ciel dans une stupeur d’anâr (de grenade).
Chaque sookoot (le silence) mentait — les vapeurs d’alcool fort, s’amenaient jusqu’à la lie
des cieux —
Et mon collègue afghan en délire, sous le grill d’un asmân (ciel) insensible à nos prières, entre divers terreurs de la mort, alors me confia sa peur d’une voix shirin (douce) :
— Si notre fin n’est un paravent qui tombe… lui rappelai-je, désespérer de la fuite irrépressible d’un abér (nuage),
est une perte de temps.
— Masis qui sait où nous serons sâl – é – âyenda (l’année prochaine ?) me coupa-t-il
— Chenid (écoute), lui confiai-je en le regardant encore,
ici, dans le huis-clos branlant de cette patrie inconnue à nous deux,
Je mettrai sur ta peur, mon ami de sharq (est), le parfum abîmé
De mon amitié,
Pendant qu’à mes yeux bleus, tes yeux noirs et fidèles,
demeureront fidèles,
Nous crèverons ensemble la feinte fraternité,
Le fascisme. Je tenterais ami, de tout savoir de toi,
— avec moi, tu riras un jour prochain
Des ébats politiques, du grand-écart des siècles, de la mendicité des maliks (rois),
Chaque goutte d’ivresse lyrique
Sera une promesse.
Ché bâyad kard (que faire ?) d’autre devant le visage de la mort ?
Que de discuter entre amis, en attendant le jugement des heures ?
Alors, il me répondit, en relevant la tête :
« Nous glisserons donc un temps, sur l’étole frangée,
De cette zamin (terre) au goût de sort, jetée comme un espoir
Sous la plante de nos peurs, qu’elles soient éventrées ».
Dost dâshtan (aimer), naweshtan (écrire), aquida dâshtan (croire), fekér kardan (penser), janguidan (lutter),
Voilà ce que la cathédrale de nos âmes usées pouvait opposer à la nuit
Et dans le silence d’un retour dans nos pays respectifs,
Dans le déferlement subjectif, de nos morales humaines,
Notre communion saine, refit espérer la terre.