Bizitzak aurrera jo du noski / La vie a bien sûr repris son cours (Basque / Français)

Je me baladais sur la colline bleue
Mon promontoire itsasorako (avec vue sur la mer)
Le train rouge et doré de la rhune m’a dépassé
Le vent soufflait des feuilles mortes sur mon visage

Et sur un rocher, j’ai vu assis pensif
Un ami qui contemplait l’Atlantique
Je lui ai pris ses mains calleuses, il s’est levé
Il m’a montré le vol délirant des nuages

Un visage de femme a brillé dans le ciel
La nuit soudain nous a donné une claque dans le dos
Comme une vieille connaissance
Le béret de mon ami s’est envolé

Un joueur de cesta punta l’a rattrapé
« bizitzak aurrera jo du noski » (la vie a bien sûr repris son cours)
M’a dit mon ami les yeux embués de larmes
Mais où est-elle dis-moi ?

Les étoiles se sont mises à trembler
L’amour m’a semblé un adversaire implacable
J’ai emmené mon ami loin de la falaise des Basques
Le vent soufflait une pluie glacée sur nos joues

Il m’a montré le défilé lumineux des bateaux dans la crique de Saint-Jean-de-Luz
Et m’a chuchoté tout bas
Mais où est-elle dis-moi ?
Je l’ai perdue pour toujours

Je me baladais sur la colline bleue
Le soleil pour tout compagnon
Quand j’ai croisé un ami de longue date
Qui pleurait assis sur un rocher devant l’Atlantique

Le train rouge et or de la Rhune s’éloignait déjà
La nuit nous a donné une claque dans le dos
Et le feu de notre conversation nous a tenus éveillés
« bizitzak aurrera jo du noski » (la vie a bien sûr repris son cours)

Mon ami les yeux embués de larmes ne cessait de me demander
Mais où est-elle dis-moi ?
Les étoiles se sont mises à trembler
La nuit se balançait entre lumière et ombres

« zuhaitzak oraindik zut dirau askatasunaren gogoz »
(l’arbre se tient toujours fièrement en mémoire de la liberté),
j’ai crié à son adresse
Mais mon ami continuait à pleurer
Où est-elle dis-moi ?
Je crois que je l’ai perdue pour toujours

Je lui ai répondu en haussant les épaules :
« Elle est dans le vent qui hante tes yeux mouillés,
Elle est dans ton poignet souple quand tu couches des vers sur le papier,
Dans la rosée qui recouvre les herbes des jardins du château d’Abbadia
Elle est dans le ciment qui emmure notre littoral

Elle est partout, elle fait partie de toi
Et c’est pour cela que moi aussi je l’aime
— « Quoi toi mon ami, tu l’aimes ? »
Toi, que je croyais mon plus cher confident ? »

« Sans la connaître, ton amie, je l’aime
Puisqu’elle fait désormais partie de notre amitié,
Des nuits que tu vivras à faire renaître son visage
Dans les sables de ton âme

Je l’aime aussi puisqu’elle est dans ton cœur,
Et que ton cœur mon ami, je l’aime
Puisqu’il contient ton amitié
Voilà pourquoi je l’aime sans la connaître »

« Mais tu ne comprends pas, m’a-t-il répondu en vacillant,
Elle n’est pas une partie de moi
Elle est tout ce qui existe en dehors de moi
Elle est l’oiseau qui aime le ciel

Le vin qui ne peut se passer de la coupe
Le prêtre qui chérit la nef de son église
La nuit qui berce les poète,
La terre qui accueille les voyageurs

Eguzkia agertu zen hodei arteik, inoiz baino ederrago
(le soleil est réapparu entre les nuages, plus beaux que jamais)
Nous avions conversé toute la nuit
Et les arbres semblaient toucher le socle rose des nuages
Et discuter entre fous comme nous

« bizitzak aurrera jo du noski » (la vie a bien sûr repris son cours)
J’ai redescendu la colline bleue
J’entendais toujours sa voix:
Mais où est-elle dis-moi ?

Les étoiles se sont mises à trembler
Il marchait à côté de moi
Une jeune femme en robe rouge nous a dépassé
Elle avait pris le train doré de la Rhune

L’aube lui faisait une traine enflammée
« amildegitik behera jaurtikiko nauzue ! » (vous allez me précipiter dans l’abîme)
Lui a crié mon ami charmé par son sourire ;
Elle nous a dépassé,

Alors il s’est mis à chanter :
« bizitzak aurrera jo du noski » (la vie a bien sûr repris son cours)
Puis il s’est retourné vers moi
Et les étoiles ont brillé au-dessus de nous

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