Faabe ! / Au secours (Peul + Français)

Faabe ! (au secours) la pluie a inondé la capitale
Les nuages pleurent au-dessus du Mali, les étoiles
Se réverbèrent dans l’eau sale,
Et la nuit passe comme une ombre —
Dieu me pardonne, je n’ai pas oublié le parfum du vent
L’intensité de ton regard, le parfum du crépuscule
Et je danse seule au dernier étage d’un hôtel de Bandiagara

Faabe ! (au secours). Les braises pleuvent au-dessus des gratte-ciels, les étoiles meurent
Les unes après les autres, comme des bougies que tu aurais éteintes
Les vitrines s’éteignent toutes, seul mon hôtel est resté ouvert
Je t’y attends dans ce taalol (conte) infernal ;
Dieu me pardonne, je n’ai pas oublié les nuits sans étoiles
Ni les aurores lointaines, ni les hivers brillants
Et la poésie est un fijindaaru (jeu) de cartes que je fais chaque soir.

Yanndi ! (s’il-vous-plaît) laissez-moi gagner cette partie
Je pars à l’ouest et au nord, au sud et à l’est éparpiller les cartes qu’on m’a données
Kuler (les couleurs) du soir s’enflamment, les rues crachent du plâtre,
Collari (la poussière) enterre nos regards sombres, le soleil s’est levé
Un homme d’affaire me tient la porte, la lune se cache dans les plis de la lumière
Aduna (le monde) est rouge et gris et la ville étire ses bras de feu
Au-dessus des nuages peureux, au-dessus de nos cous sales.

Hito (un bruit) dans l’hôtel des voyageurs de passage, l’orage éclate
J’ai trouvé du kagne (de l’or) dans un égout, laissé à la merci des rats
Je m’en suis servi pour payer l’hôtel, pendant que l’averse étincelait,
Puis je me suis étendue sur les draps, la lumière filtrait par les stores
Le vacarme s’est arrêté un instant. J’ai fermé les yeux.
Un caangol (fleuve) de pensées m’a submergée.
Faabe ! (au secours) la pluie a inondé la capitale

Et les boutiques s’éteignent toutes, seul mon hôtel est resté ouvert
Je danse seule dans une chambre au dernier étage d’un hôtel de Bandiagara
Les nuages pleurent au-dessus du Mali, les étoiles
Se réverbèrent dans l’eau sale, c’est un taalol (un conte) infernal
Et la nuit passe comme une ombre —
Dieu me pardonne, je n’ai pas oublié le parfum du feu,
L’intensité de ton regard, je n’ai pas oublié le parfum du crépuscule

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