J’ai arraché les cordes du matin,
Qui enserraient mon corps
Mutilé par la lenteur de ses desseins
Et j’ai couru vers l’océan,
Devant les premiers embruns,
J’ai vu s’effacer comme happées
Des silhouettes habillées
De minces tissus gonflants
J’ai traversé leurs odeurs.
Retenu mon souffle et ma vue
Près de leurs corps frivoles,
Le temps d’une apnée.
La mer était en transe,
Mais j’ai continué ma course.
Alors que mes pas tremblaient
Sur le sable,
Le sable mouillé.
J’ai couru sur la jetée
Comme un ticket encaissé.
Un ticket envolé
A demi-consumé
Par la pluie gelée
J’ai dopé mon allure
A la vue inouïe
De l’océan qui relâchait
Son souffle immense
Et soufflait en crachats
Sifflants
Son sel
Sur mon passage.
Tout près de la jetée.
Quelques silhouettes
Chahutées par le vent
Faisaient s’écarter
De curiosité
Mes cils vibrants
Mais j’ai continué
J’ai dépassé en courant,
Les parapluies avisés
De femmes voilées de sueur
A mes tempes emmêlée,
L’impression de flotter
Chacun de mes muscles portait
Le poids silencieux
De l’effort déployé,
La douleur.
J’ai couru et
Ma vue
S’est
Désa
Grégée
Sous le poids
Des
Saccades.
J’ai
Couru
Jusqu’ à
L’océan
J’ai
Touché
Le
Ciel
En
Tombant
Dans
Les
Eaux