Laisse-moi quitter cette ville,
Prends ma relève
La révolution est le vent gonflé de ciel qui se lève sur nos yeux
Des pétales de regrets s’abiment sur nos lèvres,
Les fantômes ont pris d’assaut le Panthéon ; ce soir
Laisse-moi traverser ce nuage d’âmes en colère
Ces cohortes brunes, ces cohortes amères ;
Ce peuple qui voit la vérité fondre sous le soleil
Ses mains ridées crispées sur la main de l’espoir
J’ai hissé mon ambition au-dessus de mon front, elle brûlait comme une flamme dans le soir
Laisse-moi déserter le vent, quitter mon pays
Abandonner les palais, les cités — Des chanson révolutionnaires
Ont léché les pavés de Paris,
Les notes bouleversées ont secoué les flots de la Seine
Le fantôme de Victor Hugo s’est baigné dans une flaque sombre
Et m’a humilié alors que je courais à perdre haleine
Alors que je trahissais la liberté à travers la lumière du soir
Tu vois, ce nuage en colère près de l’Elysée ?
La vérité s’est relevée comme une amante négligée
J’ai levé les yeux sur la nuit, elle m’a versé une pluie de courage
Je reviens en héros les mains enfouies dans l’argile de la capitale
Un fantôme hante le fond de mes yeux,
Les rues sont pleines de démons victorieux
J’ai vu le spectre de Jaurès agenouillé près d’une église
Il m’a parlé d’une époque révolue et j’ai battu en retraite
La vérité m’a enlacée, nous avons dansé sur le quai éclairé
Nous avons dansé à la lueur de l’utopie, nous avons fait danser Paris
Demain viendra, avec sa traîne de mariée lugubre
Nous abolirons l’oppression, cette étoile insalubre