C’est un poing de lumière dans la nuit
Un moine franciscain
A froissé la page d’un parchemin
Sur lequel fleurissait un herbier
Un marchand de livres ancien l’a récupéré
1912 la guerre est aux portes
Wilfrid Voynich a perdu une vie
A déchiffrer des pages jaunies
Dans la bibliothèque de Yale
Les étudiants glissent comme de l’eau fraiche
Dans les couloirs vernis et bruyants
La nuit perfore les lourdes fenêtres en bois
C’est un poing de lumière dans la nuit
J’ai découvert le secret du Voynich
Un policier m’a fait signe de décamper
Moi qui ai passé ces dernières années à mendier
La lune a un sourire carnassier
Les fantômes des jésuites cryptographes
Envahissent l’asphalte sombre
Et mon chien repose sur ma cuisse ridée
La datation au carbone 14
Les mémoires d’un alchimiste de Prague,
L’Institute of Chicago, l’étude des pigments
Et 170 000 glyphes séparés par de fins interstices
N’ont pas été aussi efficaces que moi
Le Diable a-t-il mis les mains sur le parchemin ?
La reine Christine de Suède a-t-elle lu le manuscrit ?
Les cryptographes de l’US Navy ont échoué
C’est un poing de lumière dans la nuit
J’ai découvert le secret du Voynich
Mon secret s’envole et s’accroche aux ailes des oiseaux
Qui croira un mendiant qui sent le vin ?
C’était en janvier, un étudiant de Yale
A déposé une copie du parchemin près de mes cartons
J’ai passé cinq ans à déchiffrer l’herbier
J’ai étudié chaque image, chaque dorure
Le soldat à l’arbalète sur une page m’a souri,
Les pensées, les violettes et les fougères
Les constellations du Zodiaque
Scintillaient sur les pages enluminées
Le silence a envahi la ville sale à présent,
La pluie soutient l’horizon de ses bras liquides
Le soleil s’était recouché,
J’ai cherché le sourire de Voynich dans les plis du crépuscule