Du cœur de la Suède à la péninsule de Kola
La neige tombe sur la station-service
Les autoroutes ressemblent à des ciels étoilés
On entend un joïk (chant traditionnel) à la radio
Le grand lac est habité par des fumées épaisses
Qui montent leurs mains blanches jusqu’au ciel
Il y a du charbon dans les yeux des pêcheurs
Les poissons sont les âmes des damnés
L’écorce de bouleau affiche nos deux noms
La forêt se pare d’un drap violet, c’est le ciel d’été
J’ai demandé aux étoiles de me verser de l’eau
Il a plu sur le territoire de Laponie
Le boazu (renne) s’est arrêté aux abords du village
Il a contemplé la lune fichée dans les nuages
Puis il a galopé en direction de l’horizon
Et a disparu alors que je pleurais ton départ
Il a rejoint un troupeau noir, collé à ses semblables
Le regard enfoncé dans la voute stellaire
Il a oublié l’humanité sauvage dans la toundra
Et j’ai fui le compagnonnage des hommes
J’ai planté ma goahti (tente) dans la forêt
Davvin (dans le nord) la pluie tombe drue,
Chaque gouttelette est un poignard liquide
Et mes larmes gèlent sur mes pommettes
C’est une ahkidis muitalus (une histoire triste)
Un périple vers l’éternel invisible,
Je me lève chaque matin avec l’aube
Et la forêt me sourit et me parle
Johtti (voyageur) je vis seule dans la forêt
Les rennes me tiennent compagnie
J’ai renoncé à apprivoise les oiseaux
Et la pluie lave mes idées noires
Entendez-vous le soleil bailler ?
J’ai débité un tronc d’arbre brillant
Les copeaux salissent la terre humide
Je vais faire flamber l’horizon