Un hringur (anneau) de nuages flotte au-dessus de la cape des cieux
Et un svanur (cygne) aveugle parade le long des berges enneigées
Une hvalur (baleine) onirique danse dans un océan de pétrole
J’ai écouté toute la journée chanter le fantôme d’un rithöfundur (écrivain)
Ma main gauche en visière, ma main droite buvait une drykkur (boisson) de lumière
Chauffée à blanc par un soleil prévenant. Le draugur (fantôme)
Des lieux caressait ma joue et le vent jouait avec mes mèches folles
J’ai pris le lyfta (l’ascenceur) insensible qui menait aux cieux immenses
De la reykur (fumée) me sortait des oreilles, les nuages s’effaçaient
J’ai croisé un mendiant blindur (aveugle) sur ma route
Et un sendiherra (ambassadeur) du crime, un tueur de grands chemins
Un homme qui ne respecte les pleurs des orgues d’aucunes Dómkirkja (cathédrale)
La fumée envahissait mon skristofa (bureau) de travail par ma fenêtre ouverte
Un plata (disque) passé de mode hurlait à tue-tête dans Reykjavik
Et les cieux lilja (lilas) haranguaient mon bonheur monotone
J’ai suivi des yeux la courbe du soir et les mouvements des aiguilles de la klukka (horloge) au mur
Le hammingja (bonheur) est fugace comme le défilé d’une stjarna (étoile)
Ami, empêche-moi de commettre l’impensable, d’ôter la vie à ce brigand
Qui m’a abandonnée un soir hvítur (blanc) aux maux de la solitude
Je suis parvenue au seuil de l’existence sans farangur (bagage) ni amour,
Et le fantôme de mes joies danse devant mes paupières refermées
Ma kross (croix) est en velours, et je dors en la caressant
Voici venu l’haust (automne) de mes idées et de mon cœur
Et je marche sans répit dans la forêt envoutée par toute cette fumée
Bless (au-revoir) joies prétentieuses et visages marqués au fer
La tungl (lune) vient de décroitre et me fait maintenant un cercueil de lumière