J’ai passé un marché avec les Dieux de ce pays
Ils me laisseront faire un fréttamynd (reportage) ici
Si je leur sers une drykkur (boisson) d’or pur
Et un kir sólber (cassis) mêlé de champagne
J’ai passé un marché avec des divinités
Une petite bylting (révolution) de papier
Je suis le rithöfundur (écrivain) des Dieux
Avant que ce monde ne parte en reykur (fumée)
Un sendiherra (ambassadeur) a lu mon article
Il a trempé ses grosses lèvres dans du whiskey
La klukka (horloge) annonçait minuit
Le fantôme d’un tónskáld (compositeur) est apparu
Il nous a fait une révérence silencieuse
Une stjarna (étoile) seule a brillé derrière son épaule
Par la fenêtre ouverte, dans la nuit oublieuse.
J’ai passé un marché avec les Dieux d’ici
Un carnet invisible m’accompagne partout
Dans la sundlaug (piscine) d’asphalte de Reykjavik
Je questionne chaque brin d’herbe, chaque cygne d’argent
Les enfants du pays me regardent en chuchotant
Quel hammingja (bonheur) de travailler avec eux
Moi qui suis le journaliste de ces collines
Le narrateur de ces palais de poussière
Le rédacteur de chaque ligne de ciel
Et ma vie est une dómkirkja (cathédrale) d’encre
Qui coule et se jette dans la rivière du futur
Emportant avec elle le flot d’encre de la sobriété
Je suis le rithöfundur (écrivain) des rires de ce pays
Et j’ai passé un marché avec les divinités d’ici
Elles me laisseront filmer leurs discussions
Si je brûle après chacune de mes pellicules,
Pour que la fumée leur fasse un souvenir vaporeux
Le himinn (ciel) est témoin de mon voeu
Je suis le seul journaliste accepté par les Dieux