Calibre trente-huit sur les Champs-Elysées
Un fourgon de CRS hante l’asphalte sombre
De l’acide dans le jus d’orange deux rues plus loin
Les stroboscopes crachent une fumée délicieuse
Mon AmEx est en or massif
J’ai rayé une lamborghini en arrivant
Mes cartes de visite sentent le souffre
Sur le bar une rose dans un vase bleuté
Les flûtes à champagne réverbèrent le ciel mauve
Le silence prend la boîte de nuit à partie
Un mendiant s’essuie les yeux dehors
Avec les premiers rayons d’un soleil d’août
Robes échancrés sous la lumière blafarde
Les dollars pleuvent dans la piscine
Un insecte chute dans la liqueur goût prune
Le rock s’entend jusque sur le trottoir
La station de métro s’enfoncent dans la nuit
Des panneaux publicitaires verts et roses illuminent le quai
Les aiguilles de la Rolex en or s’arrêtent
J’allume mon cigare dans la rame déserte
Le métro est ma piste de danse ce soir
Il n’y a que toi et moi qui nous déhanchons
Le sol est jonché de cadavres —
Des bouteilles à demi-bues et nous repartons
La lumière fluorescente des bars
Nous hèle depuis la rue comme une mendiante
Un café frappé s’il vous plait
Je veux continuer à danser jusqu’au matin
Tes lèvres blanchies à la cocaïne,
Sur mes lèvres humides de sueur,
Il faut donner l’impression d’être heureux
Dans une ville désertée par la tranquillité
J’ai laissé un pourboire à la nuit, elle l’a refusé
La pénombre s’apprête à tomber dans les bras du jour
Entendez-vous le premier métro approcher ?
Des tessons de verre jonchent les Champs-Elysées
Une escorte vêtue d’une robe bleu nuit
Glisse sur l’avenue comme une carte bleue dans un lecteur
Elle a le regard frigorifique d’une patineuse
Et le sourire entendu d’une meneuse de revue
La fumée des cigarette nous enveloppe
Hachées, nos voix ensorcellent les grillages
Les grilles du jardin du Luxembourg nous répondent en ondulant
Que Paris est une façade tape à l’œil
Un dernier bar avant que le jour paraisse
La musique est folle, elle se heurte à nos tympans
Comme une abeille aux parois d’un bocal,
Le rythme pulse aux quatre coins du bar
Défoncés, les yeux mi-clos, ivres,
Attendre que le soleil sèche la vodka
Et que la sueur abandonne nos fronts plissés
Un vigile nous a jetés dans la rue
Nous marchons, bras dessus bras dessous
Avant de disparaître dans une rue adjacente
Clair-obscur devant l’art de triomphe
L’avenue des Champs-Elysées s’éclaire soudain