Un homme en imperméable jaune braque son flingue sur les péchés de la nuit
Le plafond est une bombe nucléaire, des pixels agressent les pupilles éméchées
Dans le hall en verre soufflé, j’ai pris ta main sous le geyser, je t’ai embrassé
Le désert crache son venin brûlant sur nos paupières, Voyageur,
As-tu déjà essayé tous les bars de cette rue ?
Le barman est un caméléon
Il change de couleur à chaque alcool,
Loin du grand Canyon
J’ai vu la tour Eiffel avec vue sur le Strip, je deviens folle mon amour
Bienvenue dans une ville sans passé, dans des heures sulfureuses
Faisons l’amour sur la Manalay Bay Beach, du roller sur les digues
Les femmes ont des boucles d’oreille en cristal qui reflètent la moquerie de la lune
Et le soleil a sauté d’un précipice de lumière scintillante
107 Skylounge, mon verre a des bulles de corail, tes yeux bleu sombre
Ont accroché mon âme ; la flamme de mon amour est inextinguible
J’ai badigeonné Las Vegas d’encre indélébile, les hôtels se réveillent
Un verre de rhum à la main, j’écume le ciel de son soleil tranquille
Le matin baille sur nos crimes passionnels, un jeune acteur chiffon à la main
Tente d’effacer ton nom que j’ai gravé sur tous les murs blanchis
Il s’éponge le front, renverse son seau et décampe, tu vois mon amour
Las Vegas a pitié des voyageurs, c’est une ville sans passé, une sirène sans océan
Fuseau horaire du Pacifique, prenons le monorail jusqu’au Casino rétro
Loin des paillettes du Strip, des bars étudiants, allons voler le vent
Qui emmène sa jeunesse dans une débauche de néons dansants
Si la musique est trop forte, Voyageur, pose ta main sur mon cœur
Je veux que ces battements soient la seule basse qui t’enivre
Les fleurs du jardin d’hiver m’ont fait pleurer, je t’ai écouté me parler persan
Le piano à queue du Bellagio s’est arrêté, je t’ai regardé me prendre dans tes bras
L’océan tournoyait – ou était-ce le ciel – j’ai enfoui mon visage dans ta poitrine
Le fantôme d’une Harley Davidson est venu nous emmener voir le coucher de soleil
J’ai mangé des linguines aux crevettes en traçant ton nom dans le sable.
Le ciel devenait blanc, l’océan scintillait, le vertige nous a rendu heureux
Quelqu’un a crié dans la foule, la grande roue s’est éteinte, nous devions rentrer
Mes escarpins à la main, j’ai marché pieds nus en pleurant, tu étais loin de moi
Je t’ai retrouvé assis au 23ème étage du Mandarin oriental (hôtel de Las Vegas)
Tu jetais des cacahuètes sur les néons du Strip et tu m’as tendu une coupe de champagne,
Mais l’amour est la seule boisson qui m’enivre mon amour, et les néons s’éteignent
Prends ma main, allons rallumer les lumières de Las Vegas, la ville s’est éteinte
Pour nous laisser tranquille, pour nous laisser nous aimer
Caressons sa joue nuageuse, son front brûlons, et remercions-la
Allons rallumer Las Vegas, elle s’est éteinte pour nous faire un lit de silence
Remercions-la, faisons l’amour sept fois, et rallumons ses néons sulfureux
Je t’emmène dans le studio de cinéma le plus mal famé de la ville
Allume ma cigarette Voyageur, les actrices ici sont jolies
Elles ont une couronne de rêves autour de leurs boucles noires
Et ma poésie leur fait un tapis rouge cette nuit, mon amour, suis-moi sous les sirènes de police,
Un homme est en fuite, il a volé un peu du rêve de cette cité
Allons danser à l’Intrigue, si tu n’as pas peur du vacarme et des veilleurs en smoking
Le matin aligne les voitures sous le ciel qui rougit, comme des dominos blancs
J’ai envie d’un canard au litchi ce matin, je veux croquer dans les piments les plus forts
Voyageur as-tu oublié comme moi les casinos dans le jour étincelant de Las Vegas ?
L’industrie du jeu crache des volutes d’argent, les politiciens locaux épongent leurs fronts suants
L’ombre de Franck Sinatra caresse les joues maquillées de leurs belles femmes en Stella Mc Cartney
Viens avec moi dans ce musée de la guerre froide, rêvons aux essais nucléaires dans le désert du Nevada
Cette vie n’est-elle qu’un jeu de casino, que nous faisons à deux ?
Je sais que les chances sont minces pour que tu m’embrasse un jour mais je suis la meilleure joueuse de Vegas
J’ai trempé ma plume dans le pétrole des Maserati, dans les piscines à ciel ouvert, dans la pupille des prostituées,
Et j’ai écrit trois cent jours pour que tu me regarde, Las Vegas tremblait, la ville prenait froid
Je t’aime voyageur, si cette vie est un rêve, je prierai toute la nuit pour que la littérature le refasse
Chaque matin, chaque soir jusqu’à ce que tu me prenne dans tes bras et me rejoigne enfin