John Fante

J’ai rencontré un gamin

En longeant la gueule mortuaire
D’une école jésuite
Son accent du Colorado
M’a suivi dans le moindre de mes repos

J’ai croisé un gamin

Accoudé à l’existence
Qui vomissait des paroles franches
Des pinces de crabes lisses et barbares
Au blair de ses employeurs —

Penché sur une flaque rougeoyante
Il voit clignoter l’avenir
Une plaque brillant de lueur
Au carrefour de Los Angeles

Et des rêves d’impénitence
La patronne d’un hôtel râblé
Lui jette son futal au visage
The American Mercury

Dégouline de soupe froide
The Road to Los Angeles,
Est publié, un dimanche
Il corrige l’ébauche, l’agresse,

Se fait une place dans le soleil dense,
Héros borderline armé par l’océan
Il plombe le fer avec de l’inédit
Et puis demande à la poussière,

En prophète des abîmes stellaires
Le corps tendu entre deux drames,
A la main son club de golf saigne et
Glisse, et ses jetons de poker

Pleuvent sur sa maison de Malibu  ;
Son jardin croule sous l’oeil moral
Baigné d’ail de sa femme inquiète
Son chien au poil moucheté le lui rappelle

Si la Fox l’appelle à 10 heures
La Rue chaude sera tournée.
Fatigué de s’aventurer
Dans les narines de Bunker Hill,

A Naples et Rome il se prosterne
Comme n’importe quel homme sacré,
Il prie devant la cruauté assourdissante
Des trottoirs dévorés de plantes vertes

Pipeurs de dés sortez ce gamin de l’oubli
Glissez son nom à Bukowski
Un cul-de-jatte au regard désossé,
Bizarrement imbibé par la mort

Nous a sonnés. Qu’on vienne me jeter des tomates
Si dans cet avenir qu’on vante tant
Malgré nos fêlures up to date,
L’humour se passe de John Fante

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