Poète, abandonne les roses


Le vent siffle entre ses dents lisses
Une rengaine assassine :
« Poète, fils des nuages disgracieux,
Ombrageux devant tes chimères,
Constellé de doutes contagieux ».

Le vent lui susurre dans le col
« Eh, poète, fils de chien,
Toi que l’avocat méprise
En t’imitant,
Toi que le domestique cherche en vain
Dans les sourires empruntés de son patron,
Eh, toi, insipide marginal,
On t’invoque dans les lycées,
Sans jamais te rencontrer… ».

«…Mais chaque collégienne,
Chaque médecin,
Chaque ecclésiastique,
Pourrait t’incarner
Si tu les laissait t’approcher ».

« Abandonne tes roses
Cueille une fleur dans le goudron décharné
Laisse la femme nue se rhabiller
Tu t’es engourdi en la contemplant.
Laisse donc l’enfant et le dégénéré
Te voler ta plume et la disséquer
Dessine dans l’air froid de décembre
Les nouvelles du front
Les pensées des ouvriers sur le chemin des doutes
Le regard des vieilles
Leurs coudes émaciés sur les rebords des fenêtres ».

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