Je suis parvenue au shpitz (sommet) de ma douleur
Une sniyah (seconde) de trop j’avais posé mes yeux sur toi
Les shamayim (cieux) se sont mis à me gifler mes joues ont blêmi
J’ai perdu le shèinah (sommeil) par amour pour un fantôme
Dans la shalvah (sérénité) de ce poème j’aspire à retrouver de l’air
J’ai joué aux échecs avec le sahqan (joueur) le plus beau de ce quartier
Voyageur, j’ai perdu. Laisse-moi pleurer. Je bois une vodka qaramèl (caramel)
Tzohorayim (minuit) déjà le soleil sonne à ma porte
Empêche-moi de devenir ‘ivèr (aveugle) à la beauté du monde
Mon cœur est comprimé dans ma poitrine comme une balle dans une kalache
J’ai perdu ma sibah (raison) en nageant dans un sentiment sababah (merveilleux)
Nosè’a (voyageur) je veux devenir l’ombre de ton sourire
J’irai au prochai mitzpor (poste d’observation des oiseaux) je m’envolerai
La poésie ne peut plus éteindre le feu qui s’est mis à brûler mes ailes
Lance moi un dernier regard depuis ta mirpèsèt (balcon), Voyageur
Le mishpat (jugement) de la nuit et des étoiles va me terrasser ce soir
Mon front est en sueur ce mishaq (jeu) entre nous m’a rendu démente,
Tu as un sourire nèhèdar (magnifique), Voyageur, je n’oublierai pas ta voix mèratèqèt (captivante)
Je pars me damner dans les dunes de Mitzrayim (Egypte) aux sources de la magie noire
Je vais changer de peau, changer de visage, verser mon sang dans le sable brûlant
Je reparaitrai sous l’apparence de la lune dans son mè’il (manteau) de pureté et de lumière
Et je t’envelopperai la nuit quand tu fermeras les yeux, mèfatèh (séduit) par mon éclat
Je serai enfin tienne dans ce berceau de lumière, chaque nuit, malakh (mon ange)
L’aube mèsounènèt (égouttée) en grappes d’or, je repartirai dans les dunes me fondre dans le sable
Je crierai ma douleur à ton adresse, toi ma seule mouzah (muse) mais tu seras parti
Mon lèv (cœur) s’est recroquevillé, il est devenu une amulette pour les esprits
Le soir seulement, ma robe lèvanah (blanche) contraste avec la noirceur de mes joues
Bois la liqèr (liqueur) de la lune que je suis devenue Voyageur, je repartirai au petit matin
J’ai vendu mon kavod (honneur) contre des vers infernaux. Yéroushalayim (Jérusalem) me plaint
Mon manteau de lumière sur le dos, je me suis agenouillée près de ton bras. Il reposait sur le lit
Enfin les hosèkh (ténèbres) me permettent de te regarder. L’hom (la fièvre) me fait trembler
Je suis une lune holah (malade) d’aimer une silhouette havayah (merveilleuse) endormie
J’ai pleuré plus que d’habitude cette nuit mais j’ai du me résoudre à abandonner notre manège
Tu es hofshi (libre) mon amour, je te rend ta liberté, que l’horèf (hiver) emporte ton beau visage de neige
Quand à moi je redeviens une femme. Je pars à l’harpatqah (aventure) dans un temps histori (historique)
Un heikhal (palais) de sable accueillera mes pas. Une tornade approche. Je vais tenter de te survivre.