Je suis la tildaar (le féticheur) du village de Dagari
La lumière d’une ãpalãbri (étoile) éclabousse mon dos sur mon passage
Sur les sentiers obscurs je vais rendre visite aux amants d’un soir,
Je leur conseille les meilleurs sortilèges pour échapper à l’oubli
Mais le dùrú (matin) efface mes paroles de poète des flammes
Le soleil est un gõgolõdaar (menteur), sa brûlure ne ravive pas les mémoires
Dìì (hier) les tambours ont renvoyés la pluie dans son ciel de malheur
Aujourd’hui le village courbe le dos sous les braises du destin
Des lãbe (perles) autour des cous, des fleurs sur les kana (tombes)
Les biir (funérailles) ont duré le temps d’une averse
Le village se réveille aux plaintes lancinantes d’un kpũkpũdaar (le fou)
Qui était amoureux de la jeune fille mise en terre
Un dadaar (dormeur) étendu dans un champ d’amaranthes ouvre l’oeil
A peine dérangé par les flèches d’un thatha (tireur à l’arc)
Mes doigts arrachent l’écorce d’arachides — la procession se disperse,
Un coquillage de porcelaine a recueilli mes larmes
Je viendrai voler ton cœur dans cent jours
Fa luun (tu rentreras) dans la nuit vaine avec moi
Ce soir ma daar ga (je ne dormirai pas) la lune est trop brillante
Ta flèche était empoisonnée, et ma kóó (plaie) s’est ouverte
Le soleil m’a demandé de l’épouser huit jours durant
Mã yaal wu ga (Je ne veux pas de lui) le crépuscule m’a pris ma fiancée
Je vais aller demander l’asile dans le silence de la nuit
J’emmène du tabac et un bijou en bois sculpté avec moi
Ma lance est en tér (fer) je l’ai forgée dans le destin
Je vais transpercer l’œil du temps pour venger le fantôme que j’ai aimé
Je me bats contre des nuages infernaux, leurs clins d’oeil font tomber la pluie
L’or du jour nouveau est un affront pour qui t’as rencontrée
Je suis la tildaar (le féticheur) du village de Dagari
La lumière d’une ãpalãbri (étoile) éclabousse mon dos sur mon passage
Sur les sentiers obscurs je vais rendre visite aux amants éplorés
Je leur conseille les meilleurs sortilèges pour échapper à la mort
Mais le dùrú (matin) efface mes paroles d’orfèvre du temps
Le soleil est un gõgolõdaar (menteur), sa brûlure ne ramène pas les âmes
Dìì (hier) les tambours ont renvoyés la mort dans son ciel de malheur
Aujourd’hui le village courbe le dos sous les coups du destin
Note : le lobiri est une des langues minoritaires du Burkina Faso