Les oiseaux déchirent le ciel
On entend un chant syriaque
L’église brille dans l’ouragan
Le ciel s’est fendu en deux
Je suis un archéologue damné
Par la lumière de Damas
Persécuté par les oiseaux noirs
Qui transpercent le silence
L’archevêque de Contorbery
Est un fantôme sanguinaire
Et le soir tombe sur les terrasses
En appuyant son front venteux
J’ai mis mes mains dans la terre
Je cherche la pureté de l’amour
Ishtar TV émet en soureth
Et les enfants me chahutent
Les montagnes connaissent notre secret
J’aime ce ciel, ces arbres immenses
J’aime ce rose qui noie l’horizon
Et les sourires de ces femmes voilées
J’aime cette feuille de papier
Et jusqu’à cet égout qui l’inonde
Je suis amoureuse de son eau croupie
J’aime ce vieil homme que le vent harcèle
J’aime la cloche de cette église
Qui retentit dans la pénombre
J’aime le vent, et même le vin
Dont le reflet innonde le ciel écarlate
J’embrasse la soutane d’un vieil Eveque
Mes lèvres tremblent à la nuit tombée
Le froid n’a pas de prise sur moi,
Voyageur ton sourire me brûle,
Je trace avec le jus de mille grenades
Ton nom sur la pierre de l’Eglise
Et si le vent veut m’en empêcher
J’écrirai ton nom sur ses gants pâles
Pardonne-moi si je pars au nord
Là où le soleil devient raisonnable
Je vais me cacher dans les plis du vent
Voyageur, pour t’observer
Je suis un archéologue damné
Par la lumière de Damas
Persécuté par les oiseaux noirs
Qui transpercent le silence
La poésie est ma prison
Dans cette réalité inversée
Et mes doigts tâchés d’encre fine
Courent comme mes larmes sur le papier
Le son du haubois me parvient
Ou est-ce l’ouragan qui surgit
A Damas écartelée de désir
La musique s’est arrêtée de vivre
Les nuages sont tombés en cendre
Je bat des cils pour recouvrer la vue
Et la télévision crache son bruit mat
Sur la rue désertée par les cris d’enfants
L’avion a quitté Istamboul
Je me réveille d’un long cauchemar
Voyageur parle-moi dans ce brouillard
Avant que la lueur du soir ne s’éteigne
Laisse-moi te parler de Damas
Et de ces lieux que j’ai aimé
Laisse-moi m’enivrer de ta voix
Je suis un archéologue damné
Le vent hantait la montagne jadis
Approche-toi et dis-moi quelque chose
Les montagnes connaissent notre secret
Quelqu’un a fait taire Ishtar TV
Les nuages sont tombés en cendre
Je bat des cils pour recouvrer la vue
Approche-toi et dis-moi quelque chose
Les oiseaux déchirent le ciel