Le densha (train de banlieue) s’est arrêté sur un pont
Ma uta (chanson, poème) accompagne chaque respiration des rails
J’ai chaud, ma poitrine brûle chaque kareha (feuille morte) tombée
Le suiheisen (horizon) est délavé, violet et blanc
Je suis jalouse de la lampe qui t’éclaire
J’ai perdu mon anshin (paix, tranquillité) par amour
Sous le sora (ciel) d’ivoire mon âme tourbillonne
Est-ce que c’est cela le sens de la vie ?
Réponds à ma question avant que l’higure (coucher de soleil) éclabousse nos regards
Ashita (demain) nous emmènera vers d’autres terres
Une photographie est tombée sur le sol noueux
C’est une ehagaki (carte postale illustrée) brillante que je t’avais envoyée
Mais la pluie déjà balaie toutes les couleurs de la carte postale
Et de trottoirs en trottoirs le vent
L’emmène flâner à travers la ville
Et la pluie nocturne désarme nos cœurs brûlants
Un iwashigumo (nuage d’automne) gronde
Des éclairs déchirent les vitres du train
La pluie dégouline en cascades brillantes
Les oiseaux se découpent en grappes sur l’horizon,
Comme une shinryaku (invasion) de pensées amoureuses
C’est une hanashi (histoire) un peu fantastique
Je prendrai ta main un soir brûlant, quand le train redémarrera
J’ai perdu la raison en écoutant trop fort le jazu (jazz)
Une fois arrivée le taiyô (soleil) agite des draps de lumière bleues
J’espère que mes tameiki (soupirs) ne t’ont pas rendu furieux
La tsuki (lune) m’a rattrapée alors que je fuyais l’ennui
La nuit est tombée. La lune m’a faite une prison de poésie et de désir
Ce poème est une nouvelle tegami (lettre) de feu
La nuit m’a brûlée alors que je fermais les yeux
Le vent m’a laissée apercevoir ta silhouette,
Shujinko (héros littéraire) de ces abysses poétiques