Devant moi une pub pour Volvo,
Je suis à pied sous la pluie,
Jean-Claude Van Damme fait le grand-écart
Entre deux poids lourds
Un pied sur chaque rétroviseur ;
Mon acteur fétiche me sourit
Il drache*
(il pleut à verse)
Garçon, donne-moi une fois* de l’eau de vie,
(un peu)
Ou une miche de pain noir,
J’ai kilebiche*
(j’ai la chair de poule)
Mon GSM* a plongé dans le caniveau
(téléphone portable)
Je ne veux pas passer la nuit à l’amigo*
(au poste)
Si je sors soutoumelinks*
(en catimini, de façon discrète)
Ma mitraillette*
(demi-baguette garnie de frites et viande)
Menant* que les avaloirs** sont douchés,
(maintenant* les égouts**)
La rue appartient aux couche-dehors
Elle s’illumine recta* de fards,
(*immédiatement)
Humectée qu’elle est par mes pleurs
Comme un frisko* de béton frigorifié
(glace sur bâtonnet)
Un façadeklacheur*
(peintre en bâtiment)
Laisse tomber une goutte blanche
Sur le crâne klache* d’un échevin**
(*chauve) (**adjoint au maire)
Un ketje* joue au kicker**
(*un gamin) (**au baby-foot)
Un patche* échappé d’une seniorie**
(*vieillard) (** maison de retraite)
Joue à vogel-pick
(aux fléchettes)
Dans un kaberdouche* austère
(café populaire)
Et un zinneke* dehors
(chien bâtard)
Me tient des zieverdera*
(propos délirant)
Oui je suis bleu de cette gamine
(être amoureux de quelqu’un)
Je ne suis pas un stoeffeur*,
(vantard)
Ma chouke* est bien la plus jolie fille d’ici
(surnom affectueux)
Mon âme soeur et j’ai le boentje*
(le béguin)
Mais dans mes yeux la lumière spite*
(ça éclabousse)
Trop de luttes pour des queues de cerises*
(pour rien)
Emilie m’a mis à la porte
J’ai plus qu’à mordre sur ma chique*
(encaisser, prendre sur soi)
Tirer mon plan dans cette fumée, troquer cette ville
(se débrouiller)
Pour une combine
Pour rentrer en héros chez moi ce soir
J’apprends à faire le grand-écart
Un pied sur chaque tesson de verre
Dans la pâleur incertaine d’Anvers