Mon ombre empoigne la vue
D’un soleil ruineux et ivre
C’est l’hiver dans cette rue
Près du jardin, sous le givre
Hier, les idylles profitaient
De la complicité des souterrains
Des incendies que le soleil toisait,
Il reste une pancarte criblée de mains
La craie sombre de la pluie
A effacé tous les cris format A4
Et coincé un graffeur venu ici
Sanctifier l’onde de plâtre
Les tâches du temps pour arbitres
De son appel à la révolte
Un surhomme crie sur toutes les vitres
Sa férocité désinvolte
Les vitres s’irisent lentement,
Les néons brûlent d’inconscience
La rue trépigne sous les auvents
Les fruits pourrissent dans les bacs à glace
Et la mélasse du temps
Gicle en traces bâtardes
Sur les corps repoussants
De nos églises corbillardes
Le nylon des rues silencieuses,
Etrangle le collier de lumière,
De Paris, infidèle et pluvieuse,
Le ville étouffe mais reste fière
Echarpes en toc et tours dorées
Urbanité vomie sur le trottoir,
Une vendeuse au visage gonflé,
Surchargée par le désespoir
Face à elle Cluny tintinnabule
Sous les gouttes, un camé avoisinne
Un jardinet que la misère accule
Et son gobelet mouillé cartonne
Tous les pigeons sont-ils morts ?
Aucune bombe n’est tombée,
Ma chanson est une amphore
A l’avenir de la retrouver