Le temps a glissé sur l’hiver,
Comme une feuille morte sur une vitre de voiture
Un kayak fend les flots noirs,
Et la montagne fume comme une fleur brûlée.
Le mobilier de ce club est en verre
Le soleil blanchit la neige éparse un songe miraculé
Les sapins agitent leurs bras épais et feuillus
Et la lune déchiquète l’horizon ténébreux
La loi protège l’allemannretten (besoin de sortir à l’air libre) depuis 1957
Dolce vita des grands espaces
Confins désorientés du monde sensible,
Un restaurant illuminé par des guirlandes d’or pur
A la pointe de l’Aurlandsfjord
Accueille les silhouettes étourdies par le froid.
Une sorcière fait entendre son rire dégénéré.
Friluftsliv, « la vie à l’air libre », une prison de ciel
Oblitérée par la lumière éblouissante
Faut-il faire des compromis avec le destin
Les aiguilles menaçantes de nos montres happent le silence,
On entend gronder la brume,
Des lacs bleus nous dévisagent
Voyageur, cette terre givrée est une promesse
Les îles écorchées nous attendent en silence
Regarde ! C’est l’empreinte d’un ours dans l’herbe
Les cours d’eau obscurcissent le paysage neigeux