L’enfance russe

L’école avait été construite sur les décombres d’un asile. On trouvait parfois un enseignant pour faire une mauvaise blague à ce sujet. Car pendant les récréations, les hurlements des élèves n’avaient rien à envier à ceux des pires fous à lier.

Dans l’ensemble, c’était un passé que le directeur s’efforçait d’oublier. Depuis son bureau, il jaugeait le niveau d’excitation des élèves grâce à une unique fenêtre qui donnait sur la cour du collège. Une cour toujours animée. A l’intérieur de son bureau régnait un silence plat et pesant. Les bruits des collégiens déferlaient en sourdine à ses oreilles habituées. Il soupira. Des tas de documents et de pochettes cartonnées débordaient des étagères. On avait l’impression qu’il allait être englouti bientôt. Une déferlante de papier s’abattrait sur sa chevelure blanche. Le directeur avait passé la soixantaine. En se rappelant de sa soirée d’anniversaire le mois dernier, il oublia les collégiens. Et se prit la tête dans les mains. Le sommeil n’était pas très loin. Il bailla. Soudain, une voix fluette le surprit. C’était la petite Aliénor. Elle se parlait à elle-même devant son bureau. Le directeur soupira. La mère de la fillette était mal vue dans l’école. A seize heure trente, elle passait rapidement dans la rue. Elle attrapait sa fille par l’épaule et l’emmenait sur les hauteurs de Mongainville. Tous les autres parents regardaient la fillette maigre et la mère voilée s’évanouir dans le dédale des rues.

Le directeur haussa les épaules. Son monologue intérieur s’infléchit. Il songea à la liste des courses pour le repas du soir. Il recevait sa belle-sœur. Ce qui signifiait… Ce qui signifiait… Ajouter des tomates… La famille de sa femme était si…

A quelques mètres du directeur, Aliénor ne chantait plus. Le directeur leva la tête. La fillette portait ses tresses fièrement . Ses épaules ressemblaient à celles d’un petit écureuil. D’où viennent ses parents ? se demanda le chef d’établissement pour la dixième fois de l’année. De Serbie ? Il se souvenait rarement de la biographie de ses élèves. Mais la petite Aliénor était celle de ses élèves qui lui faisaient le plus pitié.

─ Eh, toi ! lui lança le directeur à la volée.

─ Oui, Monsieur ?

La voix d’Aliénor était monocorde. La fillette semblait fatiguée. Elle avançait comme une poupée. La lumière des premiers rayons de la journée baignait son visage. Les couloirs qui menaient au bureau du directeur possédaient de larges fenêtres. Il faudra faire un signalement. Ces ouvertures laissent passer la pluie et la grêle. L’hiver prochain, les parents d’élèves s’en rendront compte et… Songea-t-il, en se levant.

Le directeur prit Aliénor par le bras. Clopin-clopant, l’enfant et le vieil homme parvinrent dans la cour. Le chef d’établissement s’était mis en tête de se débarrasser de la petite en la faisant pénétrer de force dans un groupe. Il ne trouva aucun enfant. La plupart des collégiens étaient partis admirer deux équipes de football. Il regretta d’avoir donné son accord pour que soit construit le terrain de sport.

A sa grande joie, il aperçut soudain Nasha et Tasha. Ces deux pseudonymes n’étaient pas les vrais noms des fillettes. Elles se les étaient donnés alors qu’elles lisaient un livre qui les passionnait, L’Enfance russe, d’Oleg Karina. Nasha était assise. Elle battait les cartes.

─ Tu as vu l’éclipse de lune hier ?

─ Tu crois que l’éclipse aide les cheveux à onduler ?

─ On ne sait jamais. Je ne suis pas superstitieuse.

Nasha partit d’un long éclat de rire. Elle agita sa tête. Puis l’éclat de sa voix s’éteignit, comme un rapide feu d’artifice. Le soleil braquait ses impitoyables rayons sur les cartes à jouer.

Il était près de midi. Le directeur avait choisi de s’approcher à pas de loup. Mais les fillettes s’aperçurent à temps de sa présence. Sans demander leur reste, elles détalèrent. Elles pouffaient encore de rire en attrapant leurs manteaux.

Les parents de Nasha et Tasha les avaient autorisées à rentrer seules du collège. Cela n’était pas une affaire compliquée. Elles devaient suivre un chemin en terre qui débouchait sur un parc à l’anglaise. Une fois parvenues près du lac, elles jouaient un peu. Puis Nasha partait déguster le plat que sa mère lui avait laissé sur la table. Tasha traînait toujours un peu. Ses parents rentraient pas le midi. Ils demandaient à leur femme de ménage de la surveiller. Tasha avait du mal à se comporter gentiment envers la vieille bonne. Sa voix affectée l’agaçait. Elle aimait autant l’éviter.

Le beau temps incita les fillettes à se promener un peu. Quelques maisons leur tournaient le dos. Nasha et Tasha étaient amies d’enfance. Leurs promenades avaient le goût rassurant des repas familiaux.

─ Tu as fini l’enfance russe? demanda Nasha à son amie.

Les cheveux de Tasha s’envolaient sous la brise automnale. Ils s’agitaient comme des ronces sur ses joues satinées.

─ Je ne lis pas aussi vite que toi, répondit Tasha. Tu as vu ? Le directeur a voulu nous coller Aliénor. On aurait dû aller au foot. Quand on s’isole il en profite. Quel vieux bouquetin ! Toujours planqué dans son bureau. Comme s’il avait peur de nous.

─ Aliénor est vraiment bizarre. Avec ses grands yeux et ses bras tous minces. On dirait une statuette maléfique. Elle me fait peur. Je ne veux pas jouer avec elle.

Nasha réfléchit. Puis, elle rétorqua :

─ Elle est différente.

─ Je ne veux pas jouer avec Aliénor. Elle me fiche la frousse.

─ On pourrait essayer un jour.

─ En voilà une idée ! Et pourquoi pas être son amie ?

─ C’est juste que…

─ Je refuse de jouer avec. Elle est… Tu as vu sa mère ? A la sortie des cours ?

Nasha se dérida :

─ Bien sûr. Ma mère l’appelle le fantôme. Mais tout de même, ce n’est pas la faute d’Aliénor si… Sa mère… Si sa famille croit en Dieu.

─ Tu crois en Dieu, toi ? lui demanda Tasha.

─ Moi, oh non, bien sûr que non. Je crois en moi-même.

─ Moi aussi. Je me demande comment Aliénor fait, avec une mère pareille.

─ Tu sais qu’il parait qu’elle lui met un voile le week-end.

─ Aliénor ? Un voile ? Qui t’as dit ça ?

─ La fille de la pharmacienne. Elle l’a vue au centre commercial. Elles achetaient des fringues.

─ Des fringues ? Elle ne doit pas acheter grand-chose.

─ Elle ne travaille pas.

─ Elle fait quoi toute la journée ? Elle prie ?

─ Je ne tiendrais pas cinq minutes.

─ Croire en Dieu… C’est étrange. Tu croirais au Père Noël toi ?

─ Je ne crois pas en Dieu moi. Pas au Père Noël, ni en Dieu.

Nasha sourit, puis reprit :

─ Ma grand-mère regarde la messe à la télévision. Et quand mon grand-père était parmi nous, elle y allait. Elle mettait ses habits les plus coûteux. Elle s’était faite plein d’amis, là-bas. C’est ce que disait mon grand-père. Il la laissait faire. Lui, il ne croyait plus en rien. Plus depuis la guerre. A l’époque… Il se cachait dans les toilettes. Pendant qu’on torturait des hommes. Il lisait des livres. Depuis il disait que les hommes sont mauvais. Qu’il n’y a rien au-dessus des hommes. Rien pour les empêcher de faire le mal.

─ Aliénor arrêtera peut-être de croire en Dieu. Un jour. Elle n’est arrivée qu’en début d’année. Cela lui laisse du temps pour changer d’avis.

─ Tasha, je dois rentrer. J’aime bien me balader. Il fait beau et… Mais ma mère m’attend. Tu veux ? Je dois aller manger.

─ Prends les cartes.

─ On se voit en cours de math.

─ Je reste encore un peu. A tout à l’heure.

Nasha attrapa les cartes que lui tendait Tasha. Elle bifurqua vers la sortie du parc. Au loin, Nasha agitait ses hanches d’avant en arrière. Comme pour se donner de l’élan, ou imiter la démarche chaloupée d’un cheval. Le vent soufflait plus que nécessaire. Il faisait danser les cheveux blonds de la fillette. Tasha était demeurée au même endroit, face au lac. Seul un banc derrière elle laissait penser que l’homme était venu un jour dans l’endroit où elle se trouvait pour l’agencer et l’organiser savamment. Tasha n’avait qu’une envie mesurée de rentrer chez elle. C’était le jour de la bonne et la petite fille ne souhaitait pas croiser son regard inquisiteur. Elle s’assit sur le banc. Elle imagina le visage du directeur, implorant. Il tenait le bras d’Aliénor. Cette fille est idiote, se dit Tasha. Puis Tasha se leva délicatement du banc. De la poussière accompagna son geste. Elle entendit les cris de deux jeunes enfants au loin. Ils accompagnaient une femme avec un landau.

Tasha se sentit soudain défaillir. Est-ce le soleil qui me fait trembler ? pensa-t-elle. Je vais me transformer en feuille morte, si cela continue. Il ne me reste qu’à rejoindre ce gros tas de feuille, là-bas. Elle s’approcha de l’eau. Un superbe cygne passait près de la berge, et lui lança un regard curieux. Le sol semblait s’ouvrir sous les pieds de la fillette. Elle fut prise d’un soudain accès de fièvre. Alors, le cygne disparut dans une tornade de brume. L’eau se dessécha en un instant. Elle laissa place à une matière grisâtre et à un manteau blanc.

De la neige ici, à la fin de l’été ? Se demanda Tasha. La fillette revint à la vie. Elle était prostrée sur le sol. Sa jupe avait ramassé un grand nombre de feuilles mortes.

Tasha se releva. Elle poussa un cri strident. Le lac avait disparu. Elle se trouvait désormais au beau milieu d’un parc recouvert de neige. Comme dans l’Enfance russe. En lieu et place de la femme au landau, une femme accourait vers Tasha. Elle était recouverte d’une lourde pièce de laine.

─ Tu m’as fait peur petiote ! Tu n’es pas blessée ?

─ Qui êtes-vous ?

─ Je suis la Malou. Mais on m’appelle Madeleine. Je rentre du travail. Tu viens avec moi ?

─ Je ne sais plus où je suis.

Tasha se mit à pleurer.

─ Qui sont tes parents ? C’est le soir. Il ne faut pas traîner. Tu sais quoi ? Viens donc à la maison ! J’ai une petite de ton âge. Vous jouerez aux osselets.
Le visage de la femme était barbouillé de suie. Mais sa voix grave rassura Tasha. Elle interrompit ses pleurs. La Malou sortit un quignon de pain et une pomme de sa pelisse. Elle tendit les deux à la petite fille.

─ Dieu me maudisse, c’était un bout de pain que je comptais manger à la nuit tombée. Il est à toi. Nous retrouverons tes parents demain. Dès l’aube, ma petite. Cela te va-t-il ?

─ En quelle année sommes-nous ?

─ Que me demandes tu là ? Je n’en sais fichtre rien. C’est le roi qui décide. Et au-dessus de lui Dieu. Le tout puissant. Allons, dépêchons. Les brigands rodent.

La maison de la Malou était modeste. Elle était bâtie en pierre de taille. Une maison assez courte et ramassée. Mais au moins le feu brûlait dans l’âtre. A l’intérieur, Tasha aperçut une silhouette osciller devant la cheminée. Une petite fille avec des yeux en amande. De grands yeux d’un noir poisseux. Ils se tournèrent vers elle pour lui lancer un regard curieux. La silhouette ressemblait à Aliénor.

─ Qui tu es ?

─ La petite a perdu ses parents, répondit La Malou. Tasha restait muette. Je l’ai ramassée dans le parc. Avec la chasse et le brigandage… Elle n’aurait pas survécu.

Tasha trembla. Elle sentit que la Malou avait raison. Mais où était-elle ? La région semblait avoir vieilli. Peut-être avait-elle fait un retour dans le temps ? Au temps du récit de l’Enfance Russe ? Dans ce Moyen-âge obscur que narrait le livre. Là où les rodeurs pullulaient aux abords des forêts. Les larmes lui montèrent aux yeux. Qui sait ce qu’il était advenu de son collège. Mais peut-être n’était-ce qu’un songe ?

La Malou prépara le repas. Une potée avec quelques légumes. Ils flottaient au fond de l’écuelle. Tasha mangea de bon cœur. Elle avait déjà eu un quignon de pain et une pomme, mais était affamée. Tout au long du repas, la fillette qui ressemblait à Aliénor la regardait. Apeurée. Plus tard, La Malou installa une couverture sur du foin. Elle indiqua à Tasha que ce serait son li. Tasha se jeta sur la couverture. Elle pleura un peu puis s’endormit.
En plein milieu de la nuit, elle fut réveillée par de grands coups, portés à la maison. Le vent s’engouffrait dans la petite bicoque. Il faisait trembler le feu de cheminée. Celui-ci menaçait de s’éteindre. Un homme se mit à crier :

─ L’ours ! L’ours arrive.

Tasha se redressa immédiatement. La Malou avait commencé à barricader les fenêtres de la maison. Elle utilisait des planches, qu’elle clouait à la hâte. Trop tard. L’unique porte de la maison s’ouvritdans un fracas épouvantable. Tasha se recroquevilla. Sa main droite agrippa du foin. Elle voulut le lancer sur l’animal. Mais la bête féroce était trop loin. Occupée à détruire la fenêtre de la bicoque. La fenêtre était fut bientôt traversée de part en part par la patte griffue de l’ours. Ce dernier poussait des hurlements épouvantables. Tasha se mit à pleurer. Son regard cependant fut attiré par la petite fille de La Malou. Elle s’était blottie contre elle.

─ Sous le lit, vite ! Hurla La Malou.

Tasha ne se fit pas prier. Elle entraîna le corps mince de sa compagne et glissa sous le lit. C’était un lit qui, d’habitude, servait de débarras. Les petites attendirent, tandis que l’ours continuait à mugir.

─ Ne bougez pas d’ici ! Et toi, déguerpis ! La Malou vociférait. Elle essayait de dégager la grosse patte de la fenêtre à l’aide d’un balai.

Dehors, la nuit tombait. Tasha se demanda si les ours vivaient la nuit. Peut-être l’animal regagnerait-il sa tanière une fois le noir répandu sur le village ? Tasha commença à avoir peur. Et si elle ne regagnait jamais son univers ? Qui sait où elle était tombée. Elle entendit un énorme craquement de bois. Elle cria. La Malou s’était pris un coup de patte. A présent, l’animal avançait, majestueux et menaçant, dans la maison. Il avait le museau relevé. Il humait. Il cherchait les fillettes.

Alors Tasha fit l’impensable. Elle agrippa la terre qui lui badigeonnait le visage. Puis elle se mit à prier. Au moins, faite que la petite fille échappe à l’ours, pensa-t-elle, et elle pria. Très fort. Pour que l’ours ne les trouve jamais. Cela lui permit de s’extraire un instant de la scène. Quand elle reprit ses esprits, elle n’entendit plus les hurlements. Où donc se cachait désormais le monstre ? Tasha continua à prier. Elle souhaita revenir dans son monde. Ensuite, elle prit conscience que le silence s’était rétabli dans la chaumière. L’ours était-il parti ? Rien n’était moins sûr. Elle passa une demi-tête par le trou du lit et le vit assoupi. Il avait fait bonne chère des restes de leur repas. Pour l’heure, il s’était endormi. La Malou se relevait doucement. Elle fit signe à Tasha. Vite, fuyons,murmura-t-elle. Elle indiquait la porte d’entrée de sa main crochue. Tasha avisa sa petite comparse et la secoua.

─ On va y aller. Tu prends ma main. Tu suis. Lui ordonna-t-elle.

Toutes trois se mirent à courir. Elles gagnèrent leur pari. L’ours ne s’était pas réveillé. Elles l’avaient échappé belle. Elles se retrouvèrent seules sur la place principale du village. Ruisselante de sueur, mais en vie.

─ Merci d’avoir surveillé ma petite. L’ours finira par partir. Cela arrive souvent. Les hommes chassent dans l’habitat des bêtes. Cela les fait fuir, même les monstres comme lui. Il y a des ours, d’où tu viens ?

Tasha n’était pas certaine que La Malou comprenne ce qu’était un jardin zoologique. Elle se tut.

─ Tu es fatiguée.

La Malou la serra dans ses bras. C’est alors que se produisit une nouvelle salve de magie. Tout se mit à tourner autour de la petite fille. Tasha se retrouva projetée dans un parc. Dans LE parc. Celui d’où elle était partie. Avant d’arriver dans cet espace-temps moyenâgeux qui l’avait accueillie. Pour quelques instants glaçants. Tasha tremblait encore. Elle toucha son front. Il était moite. Ses bras étaient encore tous terreux. Est-ce la terre du monde d’où je reviens ? Elle titubait et essaya de se diriger vers la sortie du parc. Elle ne souhaitait rien tant que regagner sa maison. A ce moment-là, elle aperçut le directeur. Il se promenait, avec un chien en laisse. Un gros chien, avec un museau renfrogné comme celui d’un ours. Tasha retint un cri. Le directeur s’approchait d’elle.

─ Tasha ? Tu vas bien ? J’ai eu l’impression que tu t’es évanouie.
Il la raccompagna jusque chez elle. En marchant, ils parlèrent de tout, et de rien.
─ Tu sais, Tasha, Aliénor aurait grand besoin d’un peu d’attention de la part des autres élèves. Elle souffre du racisme.

─ Du racisme ? Balbutia Tasha, comme si elle découvrait le mot.

─ Oui, fit le directeur, et il caressa son gros chien. Sa mère et elle sont arrivées il y a deux ans. Je ne sais plus d’où d’ailleurs. Aucune importance. Ce serait bien que Nasha et toi…

─ Je comprends, Monsieur le Directeur.

─ Il faut toujours se mettre à la place des autres. Je sais que c’est difficile. A l’école, les élèves n’ont pas de problèmes particuliers. Nous avons beaucoup de chance d’étudier dans ce cadre. Il désigna le parc d’un grand revers de la main.

─ Mais, poursuivit-il, Aliénor est une petite timide.

─ Je me mets à sa place. Je veux bien…

─ Il faut toujours se mettre à la place des autres, continua le directeur en ne la laissant pas finir.

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