Morderens skygge / L’ombre de l’assassin (Norwegian / French)

De hart att me dalle sakene sine
(ils ont emporté toutes leurs affaires)
Pour venir habiter le hall à ciel ouvert d’une gare
Des champs de tulipes s’envolent des spores cotonneuses :
L’incendie de l’espoir a brûlé leurs demandes d’asile

Les passants font trainer leurs yeux pollués sur leur camp
Les yeux des vieilles femmes sortent de leur orbites
Ils montent leur tente, les jeunes vont pieds nus
Ils se font presque invisibles en allongeant leurs pas

Leur discrétion embarasse nos regards — ils disparaissent peu à peu
Comme s’ils devenaient les affiches de cette gare ;
Du papier hanté par la mort, l’envers des songes
Qui sont ces hommes ?

Et svar (une réponse) agite les ventouses blanches du matin
Ils sont le lendemain, le jour, la nuit, notre avenir
Et Dieu coud sa toile de cuivre sur le drap repassé du jour
Le hall accueille une cascade pétroleuse de bilene (voitures)

Broren min (mon frère),mon sourire a gelé sur le lac de la ressouvenance
Les années ont passé, la pluie a maquillé les idées, dévalé les sentes, effacé l’encre sur nos billets de trains ;
Les bouleaux ombragés de Forente Nasjoner (les Nations Unies)
Ont été abattus par la foudre

Un inconnu hanté par le remord a arraché son ombre
Il l’a cousue sur le ciel rouge du matin,
Quant à moi
J’ai redécouvert cette rivière de regrets en moi

Disse fine manérene hans irriterer meg (ses manières distinguées m’irritent)
Mon frère tu attendais le train, mon ombre bleu nuit flottait à tes côtés
L’amour se cachait en moi, un sifflement perforait le matin
Le contrôleur guettait le dernier des voyageurs,

Dans notre wagon, près d’un journal déchiré et probablement daté,
En bonde (un paysan) regardait le soleil se coucher, la neige
Emprisonnait les cils mouillés de Norvège
Qui étaient ces hommes ?

Morderens skygge (l’ombre de l’assassin) hante nos miroirs
Comme un spectre émané de la tombe d’une prostituée
Des aiguilles coupables ont déchiqueté le papier de verre de l’Histoire
Ces hommes, qui étaient-ils ?

Du er helt gal (tu es complètement fou)
T’en souviens-tu ? Ce matin-là, une contrebasse baisait nos pleurs
Nous avions dansé dans le train jusqu’à ce que l’un d’entre nous abandonne
Et ces hommes ? Nous leur avons donné pour asile nos mémoires

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