C’est un songe à haute altitude
Shangri-La s’étonne encore
Ici les chevaux sont aussi intelligents
Que les chiens
Et ton visage enveloppe l’aube
Avec une idée à peine effleurée
Du bout de mes doigts, éteindre la bougie
Le filet de fumée noire du ciel qui rougit
Les pierres s’amoncellent dans le jardin
Et nous dansons sous l’auvent
Comme mille étoiles filantes
Mes souvenirs font des guirlandes à tes yeux qui espèrent
La rue circulaire de Lhassa
Envoûte des milliers de pèlerins
Comme nous, absorbés dans des pensées liquides
Hantés par le lendemain
Un thé bouillant s’est renversé
Sur mes genoux, et j’ai crié
Une phrase dans un dzonghka épuré
Apporte-moi le Times — que j’en fasse des avions en papier
Mais déjà une procession nous a frôlés
Mon épaule garde le stigmate
Des vents chahuteurs et pierreux
Tibet je reviendrais à l’heure mongole
Chercher du pain dans la fournaise
De l’été qui gît sous les pieds du soleil
Sur la route de Red Feather Lake
Le bouddhisme a essaimé comme une abeilles pressée,
Comme une avalanche de pudeur,
Voyageur, attends-moi sur le quai
Je finis mon café, je te rejoins
Laissons l’Amdo partons demain
Dans l’exil de nos cœurs de brique
La couleur du sacrifice
Le parfum d’une frontière fermée
Une bourrasque d’indépendance
Voyageur, effaçons la ligne McMahon
Avec des chewing-gum mâchés
Et puis collés sur le papier,
Plaqués sur le papier du monde