Lecteur, mon frère d’arme
Les milans noirs larguent des bombes de lumière
En entendant l’appel de la terre ferme
Et ma poésie éventre leur ciel
Lecteur, viens,
Chassons l’aube avant que le temps ne la rattrape
Et ne l’enferme sans pitié
Dans une cage de lumière bleue
Lecteur, prends ma main,
Fondons-nous dans les cris des fumées
Traçons des lettres à la craie
Sur le dos voûté des églises
Dévisageons le monde
A la lueur de ces flambeaux d’encre grise
Les palmiers se déhanchent
C’est un air de flamenco
Emmuré par la nuit ;
Le sable se referme silence hanté
Par l’eau écarlate —
En espérant que tu me lises,
J’ai foulé le sel qui maquillait l’écume
,Et brûlé mes chevilles
A ton regard sans cruauté
Une onde d’or a sillonné l’océan
Son ombre danse encore
Sur les parois du temps
Lecteur, crois-moi,
J’ai besoin de toi
Pour faire vivre ces lignes
Pour croire en la chair indicible
De ma chanson ; j’ai besoin de toi
Pour saccager le vent
Sans toi il m’est impossible
De faire dériver l’océan des mots
Jusqu’en enfer
Jusque dans le désir arrosé d’huile pourpre
De cette étrange coulée d’encre