Je suis sorti dans le jardin
Rien d’alarmant
Le Mercedes n’avait pas pris une goutte
Le soleil repassait les herbes lisses
Comme un fer brûlant,
La nuit avait été docile.
Je me suis accroupi près d’un aulne,
Une main sur son écorce.
L’autre sur la terre
Et le tonnerre m’a frappé
Je n entendais plus ta voix
Chanter
Trois ballons s’envolaient
De pots d’échappement blancs
En grappes silencieuses
Et une fumée verte
Recouvrait mon jardin
D’un absence de crépitement
Un oiseau siffla
Pour se moquer de ma vision
Je le vis ouvrir son bec
Je n’entendais pas son cri
Le ciel était rempli d’un blanc saccagé
Par ma surdité nouvelle ;
Je suis resté tranquille
Comme l’intérieur d une église,
Sans un mouvement,
La terre pour seule confidente
Alors ma mémoire entrepris
De faire revenir à elle
Le chant des oiseaux
Il était en argile
Il coulait sur les herbes folles
Il enveloppait mes pieds
Les avions passaient
Au-dessus de la Mercedes
Dans un bruit étouffé
Moi je nageais dans la glaise
Comme une note, sans un son.
Le chant de l’amour
S’était évanoui de mon monde, et moi
Je nageais encore
Mes souvenirs sonores
Séchaient peu à peu
Sur moi
Pour me relever, mes oiseaux durent tirer
Chaque centimètre carré de passé argileux
De mes deux épaules frêles
Vers le ciel ;
Une fois debout
J’ai imité de mon mieux
Le chant des oiseaux
Pour redessiner
Du mieux que je le pouvais
L’éclipse du bruit ;
Le contour de ta voix