Je suis le fossoyeur de la forêt d’Asanté
Tous les jours mes mains calleuses
Ramassent les perles de nuit aux cous des suicidées
Mes propres souvenirs m’enivrent de leur parfum venteux
Dans les banques de Bolgatanga
L’anglais officiel fait ses lacets devant les vitres sales
La Volta blanche passe au sud du pays Farefari
Et j’officie auprès des corps de la forêt, je charrie les âmes
Si l’enfant nait pendant ta visite étranger,
C’est toi qui lui donnera son nom
Tu as prononcé le nom d’Atina (la terre)
La forêt s’est mise à trembler ; l’orage a pulsé
Tu as fait tomber des pesewa dans l’eau sale
Mes doutes giclent en royaumes désunis
Sur les reflets bleu froids de la forêt d’Asanté
Christiansborg prend le nom d’Accra
Le soir tombe dans un demi-sommeil
Sur les tisi (territoires agricoles) au barrage de Vea,
Une femme les cheveux ployés sur un wuka (tissage)
Dix hommes prennent la relève du soleil kurega (travaux de fer forgé)
Evangélisme de Haute Volta regarde !
Mon âme salive, un baa (chien) a mordu mon passé
L’œil d’un nuage diffuse la sagesse du yaaba (ancêtre)
M’emmènes-tu au gyana ? (paradis) femme ailée ?
Le firmament ouvre ses voilages naa (maintenant)
Et l’or gelé d’une sîfo (abeille) silencieuse
Qui a traversé les dépôts d’ordures
Se change en fumée et noircit l’avalanche de mes mots
Avant de venir mourir dans le creux de mousse de la goo (forêt)
Une marmite du sorgho rouge parfume son cadavre,
Je te souhaite de bonnes funérailles l’abeille
Du sucre, du piment de l’orange du gingembre
Voyageur, tes yeux sont comme le fruit de l’ébène
On a sacrifié un oiseau pour le bonheur d’un Dieu ivre
Chaque être humain a son sigere (guide spirituel)
Et les pleurs masquent nos sourires de givre
Le mariage aura lieu à Sirigu, lorsque la forêt se sera tue
Si l’enfant nait pendant ta visite étranger,
C’est toi qui lui donnera son nom
Tu as prononcé le nom d’Atina (la terre),
La forêt s’est mise à trembler, la forêt d’Asanté
Note : le farefari est une langue de l’Upper East Region du Ghana, égalemetn parlée au Togo, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Le nombre total de locuteurs est estimé à 450 000 personnes.