L’actrice captive

Elle avait fait rougir les télécommandes
Des télévisions du monde entier
Sa bouche envoûtait le monde
De l’art qu’elle tenait en captivité

Lui était un petit acteur pressé
Il la croisait tous les matins.
Un beau jour il lui avait offert sa main,
Elle continua sans s’arrêter.

On disait que flânant comme un soir de septembre
Sur le plateau la nuit ramassait ses sourires
Tandis que les étoiles, sur des airs dissonants,
Dansaient en attendant qu’elle prit des ans.

Un matin, dans l’ombre de son corps,
Lui apparut béante, surgie d’un autre ciel
Comme un remord surgi de l’être originel
Une spirale de haine, une avalanche de fiel
Qui l’emporta entière loin du travail d’orfèvre
Des conteurs de romances et de bons sentiments.

Pendant ce temps son ancien prétendant
Enchaînait les flashs sur les corps des vivantes.
Elle n’aspirait qu’à rejoindre les plateaux de tournage
Sa vie s’asséchait sans la fureur de jouer
On lui ferma les portes en invoquant son âge
Puis son numéro fut soudain appelé.

On lui proposait d’incarner une mère.
On n’eut même pas à charbonner ses cernes
Son enthousiasme lui donnait de la rage :
Elle joua longtemps, jusqu’à l’épuisement

Son ami évoqua les ravages du temps
En regardant le teint de la femme d’antan
Il l’avait engagée, de manière  vengeresse :
Il jouait son fils dans cette nouvelle pièce

Un avion ne peut pas dissiper les nuages ;
Pas plus que l’art ne reconnait ses propres mirages :
Une femme peut vivre la même vie que l’homme
A condition de lui laisser occuper le podium

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