Radio Pakistan Gilgit (Wakhi / Français)

Les diyor (villages) s’endorment dans un soupir
Les montagnes grésillent au son de la radio Pakistan Gilgit
Le paysage est balayé par la neige d’avril
Le blé et l’orge prennent les couleurs du soleil

Entendez-vous le murmure des yaks ?
Ils se baignent dans des lacs de lune
Le chef du village a réuni le clan qui dormait
Pour trancher une korubor (affaire) entre deux soeurs

Pendant que les enfants s’entêtaient à se chamailler
Une petite fille a recouvert un terek (peuplier) de son rire
Quant à moi, dans la jengal (forêt) humide,
J’irai plonger mes mains au fond des ruisseaux

Là où le yash (cheval) mythique bondit au-dessus des étoiles
Voyageur prends garde ! Il y a une fowj (armée) tapie dans l’ombre de verdure
L’éclat des lames blanches transperce la nuit affolée
J’ai éteint la lampe à huile de mon dafdar (bureau) ; j’ai fermé les yeux

Un esprit jonglait avec les perles de mes idées
Une musique de tambourin m’est parvenue des cimes terrifiées ;
L’entends-tu déchirer le rideau d’innocence du soir ?
La musique fait danser les oiseaux rouges de nos âmes

En quel izyat (honneur) les rossignols se sont-ils tus ?
Laisse-moi envelopper ton âme bleue dans cette soie brûlante,
Demain l’eid-e-Fitar, la mariée s’avancera d’un pied léger ;
A son cou brillera une sirsila (chaîne d’argent avec des pierres précieuses)

Son voile dansera au-dessus de son chapeau osmon savz (bleu)
Le muki (prêtre) officiera sous la neige d’avril
Et pareille à un drapeau happé par un vent flamboyant,
La lune soufflera. Elle ramènera la nuit sur terre —

Vois comme ton front brûle, il s’est trop égratigné à la lueur de mes mots
Etends-toi dans l’herbe fraîche, Voyageur ; je vais t’apporter du thé
Ces étendues de vers sont bijon (sans âme) et décillées par les heures
Notre insof (sagesse), il faudra le puiser dans le gouffre de l’effort

Car voyageur, noinsof (sans sagesse) à quoi bon continuer à écrire ?
A quoi bon planer au-dessus de la vie comme une feuille brune,
Comme un vautour enivré de ciel,
Auquel les arbres font une haie insincère de louanges ?


Note : (en wakhi χik zik, langue wakhi ou χikwor) est une langue iranienne parlée dans le district autonome du Haut-Badakhshan au Tadjikistan, ainsi que dans les régions proches en Afghanistan. D’autres locuteurs de la langue sont présents dans le Chitral, au Pakistan et au Xinjiang en Chine. Selon Ivan Steblin-Kamensky, la population des Wakhis peut être estimée à 20 000 ou 25 000 personnes. (Wikipédia)

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