L’avion flambé

L’avion est passé devant la lune
J’ai rangé mon arme de service
Pour regarder par le verre lisse
Le vent dansait devant la brume

Ma voisine est une criminelle
J’observe ses mains en dentelles
Attraper le café fumant
Dans un bruit assourdissant

Quand nous sortirons de l’appareil
Je froisserai ses dentelles
Lui passerai deux anneaux de fer
Et empocherai mon salaire

Mais l’avion court toujours sur la lune
Et devant le hublot une des ailes fume
La lune s’y est-elle réverbérée ?
Mon café s’est renversé

Ma voisine a capté mon regard
Les autres passagers s’endorment
Nous nous observons dans le noir
Et la lune éclaire nos peurs informes

L’hôtesse n’a rien remarqué
Par le hublot rempli de fumée
J’aperçois la terre brûler aussi
Plus moyen de revenir en vie

Ma montre s’est remise en marche
Et mon voisin pleure des larmes étanches
Je prie pour que le temps s’arrête
L’avion amorce sa descente

Il pleut sur l’aile droite
La fumée s’est résorbée vite
L’avion survole un autre continent
Le feu est sur terre maintenant

Ma voisine a plié ses gants
Et sifflé un verre de vin blanc
Le matin a pris les commandes
Et éclairci la face du monde

Il pleut toujours sur la terre
Nous nous posons sans encombre
Mais tout autour de la carlingue
La canicule s’étend par vagues

J’ai laissé partir la criminelle
Car nous venons du même ciel
Le mien certes nuancé de blanc
Le sien d’un tour plus accablant

Je rentre chez moi hébété
Ma montre à nouveau arrêtée
Les flammes pour uniques compagnes
De ma voiture dans la campagne

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