Ada me : c’est moi
J’ai gratté la terre sur des kilomètres
Pour retrouver l’éclat noir d’un cil (pressentiment)
Ada me : c’est moi  — Kon tu (qui toi)
Ada me, l’esprit des forêts brunes et glauques
Les koraki : (corbeaux) flèchent mon chemin avec des pierres de suie
Les kirya (fourmis) dévalisent mes veines de leur sang
Kon tu : qui toi ?  Je suis l’ombre d’un messager
D’un batelier d’un anvadan (un traducteur)
Mes idées sont des siva khurya (juments grises)
Elles ont sauté par-dessus la barikad de l’ennui
Elles ont franchi les suppliques du kasht (bois) ; il me répond en phrases blanches
Sur sa poitrine un ciriklo (oiseau) bat de l’aile ;
Il vomit le jour en buées rouge
Karig tejov : où puis-je aller ?
Kay tejivov : où puis-je vivre ?
Shunélpe gon : on entend la cloche de feu
Mais le Devel (Dieu) s’approche dans un voile infernal
Au milieu d’un bosquet de ferno (fougères)
Et me sourit — Que dites-vous fumées opaques ?
Je suis diklo, je suis fichu ;
Déjà la karadin (fusil) du temps
Tourne la clef dans mes tempes noires
Mes amis vous qui éventez le parfum d’acanthe
De mes souvenirs balayés par la pluie
Teyavel arasno tiro lov : que votre nom soit sanctifié
I akana i sarda : pour maintenant et pour toujours

Note : Le rromani est une langue indo-aryenne. On la dit parlée par une partie des Roms, Rroms (dits aussi « Bohémiens », « Gitans », « Manouches », « Romanichels », « Tziganes » et autres), dont les ancêtres auraient entrepris une migration lente et diffuse vers l’Ouest depuis le début du IIe millénaire apr. J.-C. à travers les territoires des Turcs Ghaznévides et Seldjoukides (route du Sud) et des khanats de la Horde d’or, de Hadjitarkhan et de Crimée (route du Nord). (Wikipédia).

Elle est parlée par 4,5 millions de personnes à travers le monde.