Une goutte de myrte a dévalisé la nuit
J’ai tracé une croix blanche sur ma poitrine
Mon cadavre reposait comme une brume
Dans un champ d’Hélianthes
L’encre des fleurs bleuissait ma chair
Tu m’as emmenée prendre feu dans les montagnes
Nous avons survolé l’enfer, et le gué du temps
Et les étoiles qui peuplent les ciels inversés
Ton ombre d’évangile a dévalé mon dos,
Ta voix a éteint les fumées de cristal
Et la nuée heureuse de mon allure
Mais je t’ai vu près du port – il faisait nuit
Le moteur de mon bateau je l’ai coupé,
Je me suis approchée de ta nuque grise
Tu bégayais en observant le phare
Et tu t’es adressé à moi ; quand le soleil s’est couché
Où est passé le métal de la voix des sirènes ?
L’as-tu fait fondre pour payer l’amarrage ?
J’ai pris ta main je l’ai posée sur l’eau
Les vagues nous ont surpris, le temps s’est arrêté
Je vais décrocher chaque corde de cette ville morte
Pour tracer à ton bateau un chemin lumineux
Et redessiner les contours de la nuit
Mais voilà que quelqu’un vient – plus un bruit !