Le HMS Bounty, aussi nommé Bethia,
Navire transportant du charbon autrefois
Quatre canons, des mousquets, une armada
Adieu, l’Angleterre et ses fumées ardentes.
Une année à traverser la mer !
Héros de la marine marchande
William Bligh enfile les perles d’eau
Via le cap Horn et le détroit de Torrès,
Parmi ses compagnons sur le vaisseau
Des midshipmen dans leurs hamacs
Le convoi veut débarrasser les îles polynésiennes
De leurs étendues d’arbres à pain,
Des feuilles simples, vertes, brillantes,
Aux fleurs allongées et pendantes,
Un fruit verdâtre ou jaune orangé
Qui s’avale bouilli comme une châtaigne ;
Ou réduit en farine, braisé :
Pour nourrir les esclaves d’Albion,
Les ombres ployées sur les cannes à sucre —
Et la grande cabine du capitaine
Se transforme en serre à ciel ouvert
Pour accueillir les marchandises végétales
Dans leur mission enflammée d’eau de vie,
La noblesse des marins se dévoile
Mais l’ambition est mêlée de lumière salée,
Sur le trois-mâts de la Royal Navy
L’heure est à la mutinerie
Bligh est emmené sur le gaillard d’arrière,
Faut-il noyer celui qui fut notre Dieu sur l’eau ?
L’aurore ensevelit le Pacifique sud
Christian Fletcher pend son ombre
A la lumière sombre d’un soleil menaçant
La coque rétrécie du navire reflète
L’insubordination des héritiers de l’océan :
L’Angleterre a abandonné les pupilles sombres
Du marin aux sens émoussés par l’éthanol
Et déjà les flasques de whisky
Dégringolent dans l’écume bouillante
Le soleil d’avril prend les commandes
Sur l’île Pitcairn le tonnerre gronde
La mer tourbillonne en s’embrumant d’eau noire
Une chaloupe fend l’écume
Les vagues plastronnent de joie
Les mutinés avancent dans le brouillard
Sur le trois-mâts de la Royal Navy
Dans ses yeux mouillés par la mer
John Adams se souvient de ses ancêtres,
Partis dessaler leur rancœur sur les nacelles d’eau,
Lui, le seul homme qui habite encore Pitcairn