Notre barque glisse le long des fumées
Le fleuve nous enlace comme un boa
Nous cherchons l’or dans les trouées de feu
Et nos rames frappent l’air dense
Hanté de rumeurs incandescentes
Le coussin de suie du ciel nous tuera
Nous arrachons chaque plume d’oxygène
Une coulée de sang orange
Fait une douve sombre
Au bois de nos rames paniquées.
La terre sent le whisky et le métal
Les hommes s’effacent
Dans l’eau bouillante
Des volutes roses et vertes
Arrachent la peau lisse du ciel
Pour tournoyer dans le brouillard
Nos yeux s’irritent de couleurs
Le gris des cuivres nous accompagne,
Quelques accords mélancolique
Soulagés par la moiteur
Les bruits de nos pas sur le bateau
Un toucan ivre de chaleur et de pétrole
Son bec nous indique la terre ferme
Et les planches d’une cahutte
A l’abandon dans la verdure
A la merci des pluies acides
Les spores engourdissent le toit
Et nous courons ouvrir la porte
Il y a une femme devant l’âtre
Elle réchauffe du bois brisé
Quelques cafards s’échappent dans la fumée
Dans l’obscurité d’or et de cyanure
J’ai froid mais mes compagnons dorment
Et je veille sur la véranda
Le fleuve s’est arrêté de gémir
Et notre hôtesse me dévisage
Nous reprendrons la route
Chercher de l’or dans les boues noires
Chercher l’amour dans les fumées vertes
Les volutes de dioxyde nous envoûtent
Et nous nous enivrons jusqu’à l’aube
Un matin cuivré nous asperge
Le fleuve s’enhardit de lumière
Et les couleurs funestes
Se dispersent sur notre chemin
L’or déjà obsède nos cœurs