Devant mon émetteur-récepteur
Une silhouette vêtue de noir
M’observe depuis son enfer
L’hématome de ton corps
A été rendu au coroner
Mais dans mes yeux grand ouverts
Je vois ton fantôme sage
Prendre de l’âge
La benzédrine me rend malade à pleurer
Chaque alibi, chaque salade vérifiés
Un air de be-bop flotte dans l’air
Je suis sous le charme de l’espoir
Sous les lumières tamisées
J’ai un rencard avec la vérité
43 victoires à la boxe
1 défaite : ton corps mince
J’encaisse les coups pugilistiques
Du destin ganté de panique
J’ai quadrillé tous les bars
Cette nuit est longue et sans espoir
Et la pluie drue tombe déjà
Comme une coulée de ton mascara
Nous ne nous sommes jamais connus
Mais tes mots laconiques m’ont plu
Au garde-à-vous devant ton corps blanc
Tu m’as donné l’illusion d’être
Un homme important
Je suis esclave de ton enfer
Mon cœur est taillé à la serpe
Une balle se perd sur mes mémos
Et entassés sur mon bureau
Les dossiers s’empilent et je dérape
Là déjà la pluie dégouline
Comme des whiskies à l’eau
Et les sirènes résonnent
Dans cet adorable fiasco
Les néons clignotent, jaunes et ternes
La simulation d’alerte aérienne
Fait voler en millions d’éclats
Le silence de ce parking froid
Petite fille triste et anonyme
Adossée au flipper en reine
Défoncée à l’ambition,
Le mort est ton champ d’action
Jolie dahlia tu tords le cou
A ma vérité idéaliste
De fausse piste en fausse piste
Mon impuissance me rend fou
Et dans le sillage de ton crime
Ton regard mort me fait danser
C’est une vérité sinistre et vaine ;
Tu me fais hyperventiler.
Tu es mon innamorata
Lorsque le vent de Santa Ana
Gicle en gouttes anachroniques
Sur mon code pénal élastique
Une voiture abandonnée
Accueille mon corps de cinglé
Plié comme une carabine à plomb
Je te vois faire la moue dans les nuages blonds
Les bookmakers me donnent favori
Pour résoudre ton meurtre,
Petite allumeuse champêtre
Tu as hypothéqué ma vie
Et dans les ranchos espagnols
Aux murs décorés de guirlandes
J’ai cherché les fumerolles,
Les traces de ton meurtre immonde
Si je suis un technicien du crime,
Un brouillard d’hypothèses sublimes
S’étale sur les banquettes en simili-cuir
Et sur les vitres des ascenseurs
J’ai patrouillé seul en civil
De la vaseline pour garder mes cils
Ouverts sur la lumière de ce parking
J’ai arpenté chacun de ces buildings
Je pensais ne faire qu’une bouchée
De ton existence de papier mâché
Mais dans l’embrasure de ta vie
Ton sourire couvre chaque alibi
Des motos ultramodernes
Dorment dans ce parking pluvieux
Comme des blattes dans un pieux
Dahlia mon cœur est en berne,
Laissons la vie aux idolâtres
Ton dénouement est mon théâtre
Mon opinion personnelle
Ne vaut pas plus qu’une étincelle
Penses-tu que j’ai voulu être un héros ?
Petite j’ai seulement voulu sauver ma peau
Et l’éclat de ton rire innocent
Continue à danser, absent
Gamine il faut que je t’oublie
Tu ne me laisse pas de répit
Mon flush royal s’est anéanti
Sur le ring de ma vie
Une ligne téléphonique
S’est décrochée, et claque
Sur ton souvenir découpé
Dans les coupures de presse mouillées
Laisse-moi retourner en paix
Évacuer mes impayés
J’ai pris perpète avec tes yeux noirs
Et les heures sup soumettent mon corps
Une bouteille d’alcool aqueux
Traîne dans le parking fiévreux
Est-ce ton ultime reflet
Fleur dont j’assèche le passé ?