Rome, la Grèce, Londres et la Calédonie
Une ronde d’enfants s’agitait,
Le vent s’enchristait dans l’ennui
En Louisiane son esprit dansait

De ses trajets il ne reste que des pages
Quelques phrases enrayées par son étoile
Mais le papier ne peut pas nous servir de voilages,
Et nous affrontons seuls les secondes sépulcrales

Derrière nous des hôtels tapageurs se balancent
Avec eux l’espoir vaniteux de fêtes effroyables
Un enfant fredonne gentiment une messe
La terre frissonne comme un rideau de sable

Le tonnerre a surgi d’un nuage blanc
Etouffée, la fraicheur de Saint-Malo
Une femme observe des goélands
Sa robe s’échancre de mousseline

Clair-obscur endiablé sur la plage
Une main sur l’hématome de ses yeux
Elle caresse le sable d’un pas sage
Le granit se rembrunit de larmes

La tombe de son frère aspergée par la lune
Protège un demi-Dieu que le millénaire désarme
Emané du caveau, il chahute l’infortune
Des hommes et les vitres des hôtels se brisent. Son arme

S’évapore, sa silhouette est insaisissable, sa légende insoluble
Et le siècle placarde nos cœurs branlants d’ennui,
Tandis que son étoile brocarde nos cultes insalubres,
Oh! créatures confondues par un présent maudit,

Nos ciels malades s’effondrent, concerto de stupeur
Sur la plage sombre à demi-dévoilée par l’encens
Une cascade de bière vient lécher la couleur
Les lèvres abreuvée d’avenir des adolescents

On sonne minuit à la volée sur le Grand Bé
Un vacarme déchire l’océan
L’eau reflète le sourire idéal d’un étranger
Dont la tombe se vide pour un instant

Le granit de Lanhélin bleu
La rambarde de fer forgé
La falaise immergée dans les cieux
Un spectre dialogue avec la mer

Minuit s’enfonce dans l’histoire